Il serait faux d'attribuer l'entière paternité
du code civil à Napoléon qui n'a assisté qu'à 34 séances sur les 84
qui ont été nécessaires à son élaboration. En effet, sur les 2575
pages de procès-verbaux, les interventions de Napoléon ne
représentent que 28 pages. On peut donc dire que son rôle s'est
limité à la signature de la loi le promulguant (21 mars 1804) ... ce qui n'est pas
si mal compte tenu de ce qui suit:
*****
Le code Napoléon affirme l'incapacité
juridique totale de la femme mariée qui passe de la tutelle de ses
parents à celle de son mari.
Interdiction d'accès aux universités et lycées.
Le
mariage est soumis au consentement du père :
Pour le
fils, jusqu'à 25 ans
Pour la
fille, toujours.
Obligation de suivre son époux à son
domicile.
Les époux se doivent fidélité, mais
pas au même degré.
La femme
adultère est passible d'un emprisonnement de 3 mois à 2 ans.
L'homme
adultère est passible d'une simple amende, et seulement s'il amène
sa concubine au domicile conjugal.
Le
divorce n'est autorisé que dans les cas suivants :
Adultère,
condamnation à une peine infamante, sévices et injure grave.
Interdiction de signer un contrat, de gérer les biens communs.
La femme
ne peut disposer de ses biens personnels, ni les gérer sans
l'autorisation de son époux, même en cas de séparation de corps.
Exclusion totale des droits politiques.
La femme
ne peut accomplir aucun acte juridique.
Interdiction de travailler sans l'autorisation de son mari.
Interdiction de toucher elle même son salaire.
Contrôle du mari sur sa correspondance et ses relations.
Interdiction de voyager a l'étranger sans autorisation.
Les filles mères et les enfants naturels n'ont aucun droit.
Napoléon
définit sans ambiguïté la place de la citoyenne dans la société à
l’article 1124 qui précise :
Les
personnes privées de droits juridiques sont
les mineurs, les
femmes mariées, les
criminels et les débiles mentaux.
Le code
civil sera complété par la suite :
En 1910 :
le "devoir conjugal" est une obligation (il n’existe pas de viol
entre époux) :
La femme et ses entrailles sont la
propriété de l’homme, il en fait donc ce que bon lui
semble.
En 1916 :
l’interdiction de divorcer !
« Le code
civil français de 1804, qui a inspiré les droits civils dans de
nombreuses démocraties, rédigé sans que les femmes aient leur mot à
dire, a ensuite fait de la femme mariée une "mineure civile" - de la
célibataire une étrangeté. Cette inégalité des personnes en vertu du
sexe déclaré à l’état civil, a été à l’origine de mouvements, qui à
partir de la fin du XIX°s, ont été désignés sous le terme de
féministes. Les luttes issues de ces mouvements ont,
progressivement, fait reculer la domination masculine dans le
droit. »
(Françoise Gaspard, Les enjeux internationaux de la parité)
L’incapacité civile des femmes ne sera levée que plus d’un siècle
plus tard. |