Il est important de souligner qu'à la naissance de
Napoléon, la Corse est toujours une possession Génoise. Le décret
d'annexion de la Corse à la France, qui n'était alors que
l'occupant, ne sera voté que le 30 novembre 1789 au mépris
des traités internationaux et de tout engagement bilatéral. Ce sera
d'ailleurs la manière d'agir de Napoléon (puis par la suite de Hitler
et de Mussolini) en Europe et dans tous les
territoires conquis.
Le 15 août 1769,
jour de l'assomption (mais le doute plane toujours sur la date de cette naissance), dans la maison
familiale de la rue Malerba, Letizia Ramolino met au monde son deuxième enfant 'Giuseppo
Nabulio', dont les mauvaises langues affirment déjà qu'il
n'est pas le fils de Charles, mais celui du comte De Marbeuf (toute
sa vie, Napoléon s'interrogera d'ailleurs sur les origines de sa
naissance).
L'enfant
ne sera baptisé que le 21 juillet 1771 par son oncle l'archidiacre Luciano
à la casa Buonaparte et non pas dans la cathédrale d'Ajaccio, comme
le veut la légende car, en raison de ce sacrement tardif l'église
l'avait refusé (on
baptisait les nouveau-nés quelques jours après leur naissance mais
jamais après plus d'une dizaine de jours).
Marbeuf qui en était le parrain, avait demandé au procureur Laurent Giubega
de le représenter.
Napoléon, comme ses frères et soeurs est un enfant illégitime de
Carlo Maria Buonaparte et de
Letizia Ramolino. En effet, nulle part dans les registre de
l'état civil, il n'a été trouvé trace d'un acte de mariage à leurs
noms.
Transgressant les lois de l'hérédité, les historiens ont voulu
que Napoléon soit Corse; mais les Buonaparte sont les descendants
d'une modeste famille de colons Génois originaires de Sarzana,
venus s'installer dans l'île en 1492.
Napoléon, dont l'acte de naissance original a curieusement
disparu des registres de l'état civil, serait né le 05 février 1768
à Corte. D'ailleurs, lors de son mariage avec Joséphine, Napoléon
déclare lui même être né à cette date. (c'est aussi à cette époque,
et selon le souhait de son épouse, qu'il francisera son nom en
l'écrivant désormais "Bonaparte" au lieu de "Buonaparte"). De plus, de nombreux documents tendent à prouver qu'il y aurait eu
substitution entre son acte de naissance et celui de son frère
Joseph.
C'est
toujours à partir de la substitution et la fabrication de faux documents, grâce à la délivrance de
lettres de noblesses par le grand Duc de Toscane, grâce à l'appui de
Marbeuf et à une certaine complaisance conjugale que Carlo
Maria, le père de Napoléon, sera anobli en 1771.
Le comte De Marbeuf jouera un rôle important au sein de la
famille des De Buonaparte (il est aujourd'hui certain qu'il
était devenu l'amant de Letizia et que Carlo s'en accommodait
parfaitement). C'est notamment grâce à Marbeuf
que le jeune Napoléon (et ses jeunes frères Joseph puis Lucien), accompagné de
son père
et muni d'un faux certificat d'indigence, sera admis au collège
d'Autun où l'évêque, Mgr Marbeuf, n'est autre que le neveux de Comte
De Marbeuf. Trois mois
après, Napoléon entrera à l'école militaire de Brienne dans
laquelle, contrairement à la légende, il y suivra des études très
médiocres (Il est utile de rappeler ici, qu'il n'a pas 11 ans, que sa
langue maternelle est l'Italien et qu'il maîtrise encore très mal
le Français).
|
Les armes des Buonaparte
Les
armes de la famille portaient : la couronne de comte, l'écusson
fendu par deux barres et deux étoiles, avec les lettres B.P. qui
signifient Buona
Parte., le fond des armes rougeâtres, les barres et les étoiles
bleues, les ombrements et la couronne jaune. |
Hitler aux invalides
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Loyaliste dans
une France qu'il n'aime pourtant pas Napoléon écrit : "féroces et
lâches, les Français joignent aux vices des Germains ceux
des Gaulois. Ce sont des gens de naissance abjecte et c'est
le peuple le plus hideux qui ait jamais existé"
(lettre
de Napoléon en garnison à Auxonne à Goubico, greffier des Etats de Corse). Séparatiste en
Corse, tantôt de gauche, tantôt de droite selon les
circonstances, Napoléon n'est qu'un opportuniste et un
ambitieux sans aucune loyauté, un intriguant jouant un
double jeu.
En 1792, il parviendra cependant à se faire
élire lieutenant colonel de la garde nationale en obtenant
522 voix alors qu'il n'y a que 492 inscrits !
Officier déserteur de l'armée
Française, cassé de son grade car plus souvent en permission que dans son
régiment, Napoléon, qui gravira cependant rapidement les échelons,
tente de faire une carrière en Corse auprès de Paoli qui se
méfie de lui et qui ne l'aime pas. Son père Carlo, ne l'a-t-il pas déjà
trahi en jouant un double jeu ?
Ecarté par Paoli qu'il trahira à son
tour (comme l'avait déjà fait son père) en le faisant
dénoncer à la convention par son frère Luciano (ce qui fera
dire au vieux général: " Questo birbone, questi figli
di Carlo, nés dans la fange du despotisme, élevés aux frais
du pacha Marbeuf, maintenant associés aux brigands des
clubs, aux massacreurs de septembre..."), le 11 juin
1793, Napoléon est contraint de s'enfuir après
L'épisode de Bocognano
et le saccage de sa maison par les Paolistes. Il ira tenter
sa chance sur le continent et la révolution lui ouvrira les
bras en le transformant en général Vendémiaire. La Corse
deviendra dès lors pour lui, l'objet d'une rancune permanente et
incurable. |
Napoléon écrira plus tard
à Salicetti ces mots regrettables : "... J'ai
donné, citoyen commissaire, l'ordre qu'on arrête le citoyen
Panatieri, secrétaire de Paoli. Cet intriguant prônait
encore en Corse le nom de Paoli qu'il est de
l'intérêt des amis de la république et de la liberté
d'effacer du souvenir des Corses ...". (De Vérone,
lettre du 26 octobre 1796).
Le 09 avril 1797, Napoléon écrit à l'exécutif du
Directoire la lettre suivante : " Pour que la Corse soit
irrévocablement attachée à la République, il faut: 1°- Y maintenir
deux département (mais il fera le contraire le 19 avril 1811) ; 2°- N'employer
dans les places à la disposition du gouvernement aucun Corse; 3°-
Choisir une cinquantaine d'enfants et les répartir dans les
différentes maisons d'éducation de Paris."
Après le Directoire, le coup d'Etat du 18
brumaire de l'an VIII (9 novembre 1799), transforme la
France en dictature (le Consulat) puis en monarchie
Impériale (l'Empire).
A partir de ce moment Napoléon
dévoilera sa véritable personnalité. Opportuniste,
ambitieux, arrogant et mégalomane, il sera l'homme qui
provoquera, à l'instar d'Hitler, le plus épouvantable
génocide de tous les temps (les fours crématoires en moins).
Le 22 frimaire an IX (13 décembre 1800), une mesure prise par le Directoire en comité
secret met la Corse "hors-la-loi"
et le 15 décembre 1800, le Ier Consul, qui a donné à Miot les pleins
pouvoirs en Corse, lui écrit : "
Vous commencerez par instituer votre tribunal extraordinaire et vous
ferez exécuter tous ceux qui
seraient détenus dans les prisons d'Ajaccio comme assassins, voleurs
ou provocateurs à la rébellion. Vous donnerez l'ordre à 60 gendarmes
du Golo et à 100 gendarmes du Liamone de se rendre à Tallano avec
le chef de brigade de gendarmerie et 600 hommes de ligne et, s'il
était nécessaire, vous ferez marcher les colonnes mobiles des gardes
nationales... On brûlera les maisons des principaux rebelles, telles
que celles de Quenza et de Cesari et l'on ne reviendra de
l'expédition que lorsqu'on aura pris les rebelles et qu'on les aura
forcés à quitter l-île ...".
Napoléon devient alors le bourreau d'un peuple et d'une île qui l'a
vu naître en donnant à Miot d'abord puis à Morand ensuite tous pouvoirs pour leur permettre
d'exercer sans limites une féroce répression.
Après le départ de
Miot, le sinistre Morand arrive en
Corse en 1801 pour y faire régner la terreur : Des villages sont
incendiés, les populations sont massacrées ou emprisonnées, les
parents des rebelles sont exécutés froidement ou pendus.
En 1808,
dans le Fiumorbu, 167 habitants de la commune d'Isulacciu sont
arrêtés et enfermés dans l'église avant d'être conduits
enchaînés à Bastia : 146 sont emprisonnés à Toulon et n'en sortiront
que morts, 26 sont emprisonnés dans la citadelle et 9 sont fusillés.
L'année suivante 29 personnes sont arrêtées à
Ajaccio et jugées sommairement, 11 sont acquittées, 4 sont
condamnées à la déportation à vie, les autres sont mises à la
disposition du général Morand qui sous la pression des élus finira
par être rappelé en 1811. Il sera remplacé par Berthier dont les
méthodes et les exactions se révèleront identiques à celles de son
prédécesseur.
La France perdra près de deux millions
d'hommes dans les différentes campagnes engagées par le
dictateur. Celui que la France appellera l'ogre
a tout au long de ses dix huit ans de pouvoir suprême,
supprimé toutes les libertés publiques, censuré la presse
(l'arrêté du 17 janvier 1800 supprimera 60 des 73 journaux
parisiens),
rétabli la peine de flétrissure, emprisonné, massacré,
torturé, pillé, énoncé des lois anti-juives ("...
c'est une nation à part, dont la secte ne se mêle à aucune
autre,... une race qui semble avoir été exemptée de la
rédemption ... le mal que font les juifs ne vient pas des
individus, mais de la constitution même ce de peuple. Ce
sont des chenilles, des sauterelles qui ravagent la France"), rétabli
l'esclavage aux Antilles et organisé entre 1802 et 1814, le
génocide et la déportation en Corse (qu'il aurait voulu
transformer en colonie si son frère Lucien ne s'y était
opposé) de plus d'un demi millier de forçats Haïtiens et
Guadeloupéens dont le seul crime était d'avoir soutenu ou
dirigé la lutte pour la liberté des Noirs, contre le
rétablissement de l'esclavage.
Une partie des déportés seront détenus
dans des conditions extrêmes d'insalubrité à l'église des
Capucins d'Ajaccio, transformée pour l'occasion
en camp de concentration. Ces hommes, tous astreints aux
travaux forcés, dont beaucoup
périront victime de conditions de vie épouvantables, serviront majoritairement de main d'œuvre bon marché à
l'assèchement des marais, à l'ouverture du cours Sainte
Lucie (futur cours Napoléon) à Ajaccio et à la construction
de la route principale (dénommée route royale puis route
impériale) d'Ajaccio à Bastia.
En 1804, l'édition du
code
civil,
"oeuvre" particulièrement misogyne, placera la France
au rang des pays les plus arriérés de la planète.
En 1809, l'invasion des états pontificaux
vaudra même à Napoléon d'être excommunié par le pape Pie VII.
Le 12 avril 1814, à Fontainebleau, alors que
son Empire s'est effondré, Napoléon tente de se suicider en avalant
une fiole de poison mais il ne peut éviter son exile à l'île d'Elbe.
Le 1er mars 1815 Napoléon s'évade de l'île
d'Elbe. Ce sera le
dernier "vol de l'aigle", les cents jours, le carnage de
Waterloo qui en une seule journée (18 juin 1815) fit plus de 56000
victimes, l'abdication et Sainte-Hélène.
A l'annonce de son abdication le 14 avril,
le maire d'Ajaccio, François Levie, hisse le drapeau
de Lys sur le clocher de la cathédrale. Le buste de l'empereur, qui
se trouvait dans la salle du conseil municipal, est jeté à la mer
sous les huées d'une population en délire et le soir venu,
un grand feu est allumé sur la place du Diamant pour procéder à l'autodafé de
toutes les images représentant l'usurpateur. Les
Corses se souvenait que nul autre que lui n'avait jamais fait autant
de mal au peuple dont il était issu.
Le
lendemain, toutes les rues de la ville qui portent le nom des
Bonaparte sont débaptisées, une loi du 12 janvier 1816 (dite "loi de
clémence royale" condamnant à la proscription les régicides) exile
les Bonaparte et leur interdit de posséder des biens en France.
Le 24 février 1821, à Sainte-Hélène, peut de
temps avant sa mort, Napoléon confiera au Maréchal Bertrand : "La
Corse n'est pour la France qu'un inconvénient, une verrue qu'elle a
sur le visage. Choiseul disait que si d'un coup de trident on
pouvait à la Neptune, enfoncer la Corse sous la mer ce serait un bon
débarras... et il avait raison."
C'est seulement dans le numéro du 21 juillet 1821
du Journal du Département de la Corse, qu'on apprend
la nouvelle de la mort à Sainte-Hélène de l'empereur Napoléon Ier
que le Journal a été autorisé à publier en l'extrayant du
Moniteur du 6 juillet, lequel a tiré lui-même l'information
du journal anglais The Courier :
"Buonaparte est mort le 5 mai, après une maladie de six semaines
qui n'avait pris un caractère sérieux que dans la dernière
quinzaine. Il a conservé sa connaissance jusqu'au dernier jour. Il a
été exposé depuis hier au soir, après que l'Amiral, le Gouverneur et
les autres autorités eurent visité le corps. Quoique sa maladie ne
se fût pas prononcée d'abord d'une manière alarmante, il dit qu'il
n'en pouvait revenir. Bientôt, les médecins en furent eux-mêmes
persuadés. Cinq ou six heures avant de mourir, il a donné des
instructions relativement à ses affaires et à ses papiers. Il a
demandé à être ouvert, afin que son fils pût être informé de la
nature de sa maladie. Il avait toujours dit que cette maladie était
la même que celle qui avait terminé les jours de son père,
c'est-à-dire un cancer dans l'estomac. L'ouverture du cadavre faite
par son propre médecin a prouvé qu'il ne s'était point trompé. Nous
croyons qu'il a laissé un testament qui, avec tous ses autres
papiers, sera envoyé en Angleterre. Les dépêches concernant cet
événement ont été apportées par le capitaine Crokat du 20e régiment.
Elles ont été aussitôt communiquées à tous les ministres et aux
ambassadeurs, qui ont sur-le-champ expédié des courriers à leurs
cours respectives".
La mort de "l'ogre",
annoncée par ces quelques lignes
laissera les habitants de l'île pratiquement indifférents. Pays
meurtri du temps du plus illustre de ses enfants, la Corse subit
alors le mépris, l'hostilité et la calomnie. Elle en ressent une
profonde humiliation génératrice d'accès et de colère.
En définitive, Napoléon se sera montré très infidèle et peu
intéressé par une île dans laquelle il aura encouragé une logique de
politique coloniale et répressive au détriment d'une politique
d’intégration démocratique.
Pourquoi cet homme, qui de nos jours serait
traduit devant la cour pénale internationale pour crimes de guerre
contre l'humanité (*) , qui au cours de ses différentes campagnes
s'est également transformé (comme Hitler) en
véritable pilleur d'œuvres d'art dont un grand nombre sont venues enrichir
la collection personnelle de son oncle le Cardinal Joseph Fesch, qui a laissé la France
complètement ruinée et appauvrie et qui après y avoir installé un
régime totalitaire dont Hitler et bien d'autres dictateurs se sont
inspirés, est-il devenu une légende, un mythe?... Les mensonges
répétés de l'histoire qu'on nous enseigne à l'école et dans les
livres, masquent parfois
des vérités honteuses. Chateaubriand disait que quand un homme était
devenu fameux, on lui composait une enfance et une vie de légende et
Victor Hugo écrivait que l'histoire se tait volontiers sur le côté gênant
des faits : "Il
serait temps que l'histoire entra dans la voie des aveux".
(*) Le 25 mai 1796 à Binasco il donne l'ordre
à Lane de brûlé le village. Le 26 mai 1796 à Pavi, tous les membres
de la municipalité sont fusillés, il donne l'ordre de tirer au canon
sur 10.000 paysans qui fuient dans les rues de la ville, l'armée est
autorisée à se livrer au pillage. A Faenza, à Imola, à Verone, à
Tortone, de
féroces répressions s'ensuivent également.
Le 28 mai 1796, nouvelle proclamation à tous
les habitants de la Lombardie : "Le général
en chef déclare rebelles tous les villages qui ne se sont pas
conformés à son ordre. Les généraux feront marcher contre les
villages les forces nécessaires pour les réprimer, y mettre le feu,
et faire fusiller tous ceux qu'ils trouveront les armes à la main...
Tous villages où l'on sonnera le tocsin seront sur-le-champ
brûlés... Toute campagne où il sera trouvé des armes cachées sera
condamnée à payer le tiers du revenu qu'elle rend, en forme
d'amende. Toute maison où il sera trouvé un fusil sera brûlée, à
moins que le propriétaire ne déclare à qui il appartient. Tous les
nobles ou riches qui seraient convaincus d'avoir excité le peuple à
la révolte... seront arrêtés comme otages, transférés en France, et
la moitié de leurs revenus confisquée" .
Le 01 juin 1796, le village d'Arquata est
incendié.
Le 07 mars 1799 à Jaffa, pour économiser les munitions, Napoléon fait froidement
exécuter les habitants à la baïonnette. Malgré la promesse de les
épargner lors de leur reddition, il ordonne l'exécution à l'arme
blanche de 3000 prisonniers sur la plage de Jaffa.
Plus de 200 soldats
Français victimes de la peste sont également achevés à l'arme
blanche...
Pendant trois jours, le massacre de la population civile, le pillage
et les viols se poursuivent, etc...
Napoléon proclamera à ses ennemis : "C'est la preuve que le
prophète est avec moi et que rien ne peut me résister. La preuve :
ces prisonniers sont morts ! ".
Le massacre de Jaffa peut être considéré comme le plus odieux crime
de guerre de Bonaparte. Cet épisode restera secret et ne sera connu
qu'à la Restauration, après sa chute.
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