DES AFFAIRES CRIMINELLES HORS NORMES

DES MEURTRES NON ELUCIDES

 

 

 Vincent DORADO

Le lundi 18 janvier 2016, Vincent Dorado, professeur de SVT de 33 ans, au collège de Baléone est assassiné devant son domicile d’Afa, situé sur le chemin des moulins, au lieu-dit Valle Pacce Maria. 
Ce jour là, vers 21 heures, des voisins perçoivent des bruits sourds venant de la maison mitoyenne, celle de Vincent Dorado. La voisine se précipite dehors et voit que la porte d'entrée du professeur est grande ouverte. Son corps gît, allongé sur le dos dans l'entrée. Il y a beaucoup de sang. Les secours sont immédiatement alertés, mais ils ne peuvent que constater le décès.
Le médecin légiste établi que la victime a reçu deux projectiles qui ont provoqués une hémorragie massive. C'est une arme de calibre 12 à canon lisse qui a été utilisée et la munition est de la chevrotine, notamment utilisée pour la chasse au gros gibier.

Sur place, les gendarmes ne découvre pas d'indice mais ils ont la certitude qu'il ne s'agit pas d'un cambriolage. L'assassin est manifestement venu avec l'unique but de tuer.

Pour les enquêteurs, à ce stade, impossible de trouver un mobile à l'assassinat de Vincent Dorado.
L’enquête à permis seulement d'établir que le tueur, armé d'un fusil de chasse, se trouvait à une distance d'à peu près 3-4 mètres quand il a tiré une première fois sur la victime dès qu'elle a ouvert sa porte. Il entre ensuite dans la maison et après avoir rechargé son arme, il tire une seconde fois à bout portant.
Quatorze mois plus tard, un fusil de chasse Simplex, mono-canon de calibre 12, dont il n'est pas sur que ce soit celle du meurtre, a été retrouvée à environ 300 mètres du domicile de la victime. Sur sa crosse on relèvera une empreinte génétique féminine. Le laboratoire mobile de l'IRCGN (Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale) est envoyé en Corse pour effectuer près de 280 prélèvements ADN qui ne donneront aucun résultat. Depuis, le dossier est au point mort. Malgré plus de 200 témoignages recueillis, aucune des pistes explorées par la police n'a permis d'identifier l'assassin de Vincent Dorado, ou même de déterminer le mobile du crime. 
Cinq ans plus tard, le mercredi 29 septembre 2021, à 21h05 sur M6, la justice et les gendarmes ont relancé cette affaire avec l’émission « Appel à témoin » pour recueillir de nouvelles informations et de nouveaux témoignages. Mais le meurtre de Vincent Dorado n'est toujours pas résolu en 2025.

 

 Emmanuel MULTEDO

Le Lundi 8 septembre 2008, jour de rentrée scolaire, à Bastia, en début d'après-midi, vers 13h30, Emmanuel Multedo, est en train de garer sa voiture rue Sant’Angelo, à proximité de l'école Auguste Gaudin où il est instituteur depuis de nombreuses années, lorsqu'il s'écroule mortellement touché par un tir d'arme à feu.
Emmanuel Multedo avait 40 ans.il était marié à une enseignante et père de deux petites filles, Marie, 8 ans, et Lucie, 3 ans. Il avait « une vie paisible », selon le procureur, et la réputation d'être un excellent pédagogue. Les inspecteurs de la police judiciaire examinent toutes les pistes.

Ils auditionnent plusieurs personnes sans qu’aucun témoignage ne vienne en aide à l’enquête malgré le communiqué du portrait robot d'un individu aperçu par un témoin sur les lieux peu de temps avant le meurtre.
Toutes les hypothèses restent donc ouvertes. L'erreur sur la personne a été évoquée: un jeune homme ressemblant vaguement à Emmanuel Multedo habite en effet à proximité, et sa moto a été incendiée quelques jours avant le meurtre. Autre piste possible, celle d'un différend (même ancien) que la victime aurait pu avoir avec une ou plusieurs personnes. L'éventualité d'un "coup de sang" d'un riverain pour une altercation futile n'est pas écartée. Des disputes éclatent régulièrement entre automobilistes dans ce quartier pour des places de stationnement.
En 2025, soit 17 ans plus tard, la famille attend encore une réponse à la question : Qui a tué Emmanuel Multedo ?.

 

 Damien GUILLEY
Originaire d’Ajaccio, Damien Guilley, 23 ans, s’était installé à Maccinaggio où il exerçait le métier de barman saisonnier.
Le dimanche 1er février 2009, le jeune homme avait été aperçu pour la dernière fois sur la route, près du port de Macinaggio. Ses effets personnels, ses papiers d’identité avaient été retrouvés à son domicile.
Des recherches avait été entreprises. Un appel à témoin avait été lancé par la gendarmerie de Luri en charge de l’enquête, sans succès. C’est seulement deux mois après sa disparition, le 22 mars, que des promeneurs découvrait son corps retenu prisonnier par des rochers dans l’eau du port de Maccinaggio.
Une autopsie pratiquée sur le cadavre de la victime aurait mis en évidence des traces de blessures à l'arme blanche et une information judiciaire est ouverte pour homicide.
Le 25 septembre 2009, les gendarmes vont procéder à l’interpellation de 7 personnes. Une huitième, une jeune femme, devait se présenter spontanément aux policiers dans l'après-midi.
Les enquêteurs vont s’intéresser aux fréquentations de Damien Guilley, à son ex-compagne, serveuse au « bar des îles » tout proche du bar « U Scalu » dans lequel le jeune homme avait effectué pendant deux saisons. Malgré de nombreuses contradictions, les 8 personnes qui évoluaient dans l’entourage de Damien Guilley seront relâchées.
Le procureur général près la cour d'appel de Bastia déclarait que l'enquête ne permettait pas eut pas confirmer l'homicide car d'autres causes du décès demeuraient possibles eu égard à la personnalité de la victime.
Sa disparition mystérieuse comme les circonstances de sa mort n’ont jamais été établies.
 

 Paul MARIANI

Le lundi 31 décembre 1990, Paul Mariani, 55 ans, maire de Soveria, attaché au cabinet de M. François Doubin, ministre délégué, chargé du commerce et de l'artisanat dans le gouvernement de Michel Rocard, est assassiné sur le pas de sa porte.
Ce meurtre a lieu quelques jours seulement après l'assassinat de Lucien Tirroloni, le président de la Chambre régionale de l'agriculture, survenu à Ajaccio le 19 décembre, et déjà, trois mois auparavant, par celui du maire UDF de Grosseto-Prugna, Charles Grossetti.

Paul Mariani  a été exécuté de quatre balles de gros calibre et achevé à bout portant d'une balle de 7,65 en pleine tête, sur le perron de sa maison.
En ce soir de réveillon, Paul Mariani, se trouvait à son domicile lorsque vers 18 h 30, des gravillons ont été jetés contre la fenêtre. Le village était alors plongé dans l'obscurité en raison, croyait-on, d'une coupure de courant dont on se demande, maintenant, si elle n'a pas été sciemment provoquée.
Il est sorti, pour voir, un revolver de calibre 7,65 mm à la main. Et c'est alors qu'il a essuyé les coups de feu d'un individu qui s’est rapidement fondu dans la nuit. La victime a eu cependant le réflexe de riposter à deux reprises mais on ignore si l'agresseur a été touché.
Au lendemain du crime, les enquêteurs ont privilégié la piste locale. D'abord, l'horloge qui déclenchait l'éclairage public avait été retardée de trois heures, plongeant le village dans le noir. Ensuite, aucun bruit de moteur n'avait été entendu après les détonations, tandis que le ou les meurtriers prenaient la fuite.
Aujourd’hui, on ignore toujours tout du mobile, du ou des tireurs, des modalités de l'entreprise meurtrière de ce crime qui porte la signature d'un professionnel.
Un suspect, Dominique Santelli, 43 ans, agriculteur à Soveria, a bien été arrêté mais en 1997, mais la cour d'assises du Rhône, après trois jours d'audience, l'a déclaré innocent du meurtre de Paul Mariani. Un acquittement qui mettait fin à sept années de tourments, mais qui laissait le crime inexpliqué et impuni.
 

 Guy ORSONI
Le vendredi 17 juin 1983, Guy Orsoni, 24 ans, militant nationaliste du FLNC et frère d'Alain Orsoni, disparaît entre Sartène et Porto-Vecchio, sur une route du sud de la Corse.

Ce jour là, vers 16h les deux frères se séparent sur le parking du couvent Saint Damien à Sartène. Alain part vers Ajaccio et Guy monte monte dans une Mercedes Bleu qui appartient à son oncle Roger Orsini et part en direction de Porto-Vecchio. On ne reverra plus.
Quinze jours après, le 25 juin 1983, 2 000 personnes défilent en silence sur le cours Napoléon d’Ajaccio. En tête du cortège, un grand portrait de Guy Orsoni et une banderole accusant l’État français de l’avoir fait assassiner par ses « barbouzes ». L’affaire Orsoni commence. Elle va empoisonner le climat de l’île et constituer l’arrière-plan des innombrables scissions et règlements de compte qui ont déchiré le camp nationaliste depuis lors. Elle rassemblera, sur une période de deux années, la plupart des ingrédients spécifiques du « dossier corse ».
Quarante deux ans plus tard, ni le corps de Guy Orsoni ni la Mercedes que son oncle Roger lui avait prêtée n’ont été retrouvés.
 

 Jacques NACER
Le mercredi 14 novembre 2012
, peu avant 19 heures, Jacques Nacer, un commerçant ajaccien de 49 ans, est tué par balles alors qu’il se trouve dans son magasin « Ecce Uomo » situé rue Fesch, à Ajaccio par un tueur solitaire, venu et reparti à pied, puis récupéré sans doute par un complice à moto.
Selon plusieurs témoins, l'homme était coiffé d'un bonnet et avait le visage dissimulé sous une cagoule. Il a fait feu à bout portant : au moins deux balles ont été tirées dans la tête et une troisième aurait atteint le thorax. Aucune douille n'a été retrouvée sur les lieux, ce qui laisse penser que l'arme utilisée pouvait être un 357 magnum ou un P 38. Une arme différente de celle qui avait servi pour le meurtre d'Antoine Sollacaro, presqu'un mois jour pour jour après l'assassinat de Me Antoine Sollacaro, le 16 octobre.
Jacques Nacer était était président de la Chambre de commerce et d’industrie de Corse-du-Sud et le secrétaire général du club de foot de l'AC Ajaccio, présidé par Alain Orsoni.
Immédiatement, le parquet d’Ajaccio se dessaisit de l’enquête ouverte pour "assassinat en bande organisée" au profit de la Jirs de Marseille qui, 10 ans après les faits, a prononcé un non-lieu. Ce qui signifierait la fin de la procédure concernant ce dossier dans lequel aucun suspect n’a été mis en examen.
Jacques Nacer était la 17 ème victime d'homicide en Corse depuis le début de l'année 2012.
 

Ce ne sont que quelques meurtres non élucidés en Corse et il serait trop fastidieux de tous les énumérer ici ; mais on pourrait citer pour mémoire qu'en avril 2014, avec 371 personnes tuées depuis près de trente ans, le taux de meurtre par habitant en Corse était devenu plus élevé qu'en Sicile.

En 2024, 16 homicides ont eu lieu.

En 2025, 8 meurtres ont été commis entre janvier à octobre.

 

 Jean LECCIA

Le 23 mars 2014, alors qu'il descendait de son village, San-Gavino-di-Fiumorbo où il venait d'assister au premier tour des élections municipales, Jean Leccia, Directeur général des services du conseil général de la Haute-Corse et directeur de cabinet de Paul Giacobbi, alors président du Conseil exécutif et député de la Haute-Corse, était assassiné au volant de son véhicule vers 23h15 alors qu’il regagnait son domicile bastiais.

Sa Citroën DS4 est retrouvée sur le bas-côté de la RN198, sur la longue ligne droite qui longe la côte orientale de la Corse, à hauteur de Tallone. Un guet-apens mortel. Sans témoin. Le commando - moto ou voiture - a vraisemblablement doublé la Citroën blanche. Arrivé à sa hauteur, le passager a fait feu. Dix-sept impacts ont été relevés sur la carrosserie. Du 308 Winchester, l'équivalent du 7.62, un calibre prisé par les snipers mais aussi utilisé pour les fusils d'assaut. L’homme, criblé de 8 balles, est mort sur le coup.

Dans l’île, l’émoi est considérable : Jean Leccia est le second collaborateur de Paul Giacobbi, à être assassiné en l’espace de trois ans. Le 21 mars 2011, Dominique DOMARCHI, 63 ans, proche conseiller de M. Giacobbi, a lui aussi été abattu sur le seuil de sa maison de Sant’Andria di Cutone, le village dont il est maire. Un assassinat toujours sans coupable.

L'enquête, sur fond d’origine mafieuse - jamais en Corse, l’atmosphère n’avait été aussi délétère que sous la mandature de Paul Giacobbi depuis son élection le 27 mars 1998) -  conduite par la Jirs (la juridiction interrégionale spécialisée de Marseille) se poursuit entre interrogations sur attribution de marchés publics et influences politiques, n’apporte aucun éclaircissement.

Dès le début, les investigations sont freinées par une « guerre des polices » qui va entrainer de graves lenteurs procédurales et obérer toute chance de trouver des éléments permettant d’identifier les principaux suspects.

Le 9 octobre 2023, le juge marseillais chargé de l’instruction, Thomas Hirth, a notifié la fin des investigations, qui n’ont donné lieu à aucune poursuite et une ordonnance de non-lieu est rendue le 7 août 2024.

Mais le 18 décembre 2024, la chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Aix en Provence annule cette ordonnance. La partie civile, composée par les différents membres de la famille du défunt, a annoncé continuer le combat pour connaître la vérité ; mais il apparaît aujourd’hui que l’instruction semble à bout de souffle et le procureur de Marseille Nicolas Bessone pourrait définitivement refermer le dossier. (journal de la corse du 5 avril 2024).

 

 Gilles RAGACHE
Dans la nuit 29 au 30 mai 2004, Gilles Ragache, 44 ans, membre de Femu Aiacciu et de A Chiama Natiunale, patron du restaurant Le Bec fin, sur la place du marché, à Ajaccio, et da La Boca Loca, le premier bar à tapas ajaccien, marié et père de deux enfants, est tué de deux balles de calibre 12 sur le parking de son immeuble, au parc Berthault, alors qu'il rentrait chez lui.
L’enquête va établir qu’il ne s’agit pas d’un crime crapuleux ca la victime a toujours en possession la recette de ses établissements.
Aucune piste n’est vraiment exploitée. Quelques mois plus tard, l’unique suspect, muni d’un alibi en béton, fait l’objet d’un non lieu. Plus de dix ans après les faits, l’affaire a été classée sans que la moindre explication n’ait été trouvée sur les motifs de ce assassinat.


 

 

( Résumé à partir d'extraits de différents journaux de l'époque )

 

 

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Dernière mise à jour pour cette page : 26 octobre 2025