Après la conquête de la Corse par
les Français en 1769, plusieurs hors-la-loi étant au
maquis, le général de Vaux entreprit de les pourchasser.
Quelques mois après la révolution
de 1789, pour que la justice soit rendue d'une façon
plus populaire, un décret du 20 avril 1790, sanctionné
par la loi du 24 avril 1791, institua le jury criminel.
Le jury mis en place le 1er janvier 1792, comprenait
neuf juges.
Peu confiant dans l'impartialité
des juges populaires, suspendit par arrêté du 2 avril
1801, le jury dans les deux départements du Golo et du
Liamone et institua une cour criminelle. le 25 mars
1801, il envoya en Corse Miot de Melito avec des
pouvoirs extraordinaires. Celui-ci en abusa tellement
qu'il fut rappelé à Paris le 23 octobre 1802 par
décision du Premier Consul.
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Un rapport de gendarmerie du
XIXème siècle donne du bandit la définition suivante: "
C’est un homme qui répond à une sommation en prenant le
maquis".
Il est très rare que les gendarmes
arrivent tout seuls à leur fins. Quand on dit qu'un
bandit a été pris, c'est généralement parce qu'il a été
trahi.
Quand on raconte qu'un bandit a été tué par les
gendarmes, les gens haussent les épaules et rigolent en
disant: " il a du être tué après sa mort ! " .
Quand un Corse a été insulté, ou
pire, quand l'un des siens a été blessé ou tué, il donne
à choisir à son ennemi entre "una palla calda ou
un ferru freddu" (une balle chaude ou un fer
froid).
Jadis, une croix sur une porte était considérée comme le signe d'une menace de mort.
Quand il a un ennemi déclaré le
Corse doit choisir entre les trois S, Schioppo,
Stileto, Strada (fusil, stilet, fuite).
Généralement il prend les trois à la fois!.
Quand il entre en inimitié, le
Corse lance à son adversaire: "Guardati, mi guardo
!" (Garde-toi, je me garde). Dès cet instant la
promesse de mort est déclarée, non seulement entre les
deux hommes, mais aussi entre tous les membres des deux
familles. Seuls, les vieillards, les femmes et les
enfants ne participent pas à la vendetta, encore qu'on
ait vu des femmes prendre les armes dans certaines
circonstances. Ainsi, pour une insulte, une
histoire de propriété ou de bornage, le secours à un
ami, une histoire de femme... autant de raisons qui
peuvent paraître comme autant de révoltes contre
l'injustice, le Corse se met hors-la-loi et s'en va
habiter le palais vert, refuge inextricable de tous les
bandits.
Le bandit Corse est tour à tour,
l’ami et l’ennemi d’une population qui le craint ,
l'admire ou le respecte. Alors que le gendarme est
« l’étranger », le bandit « appartient » à la
communauté, même quand il est haï. Nourrir, loger,
protéger un bandit, c'est s'assurer ses services. Le
bandit d’honneur est opposé au bandit percepteur sans
qu’il soit réellement possible de les classer
respectivement dans telle ou telle catégorie. La
littérature romantique s’est emparée du mythe du
« bandit d’honneur ». La réalité est beaucoup plus
cruelle et parfois plus sordide.
Le nombre de crimes commis en
Corse est presque incroyable. On relève sur les
registres de la république, en l'espace de trente deux
ans (de 1683 à 1715) 28715 meurtres.
En 1588, on avait défendu les
armes à feu mais on imagina de vendre des autorisations
de port d'armes. Trois ans après cette interdiction,
sept mille fusils circulaient en Corse et ceux qui
étaient confisqués étaient aussitôt revendus. La même
arme pouvait ainsi être revendu huit à dix fois au même
individu.
Entre 1818 et 1852,
4646 meurtres sont commis
dans l’île, soit une moyenne annuelle de cent trente
assassinats. Pour la seule période comprise entre 1821
et 1846, on dénombre 200 homicides en moyenne par an.
Réfugiés dans les montagnes,
certains bandits assassinent en quasi toute impunité,
terrorisent et rançonnent les populations des villages,
parfois même les villes d'Ajaccio et Bastia. Si la
vendetta représente à elle seule une partie de la
violence en Corse, le statut de bandit permet à travers
une violence individuelle de se procurer un argent
facile. Les populations locales, en dépit de quelques
sympathies, subissent ce tribut criminel et ne se
trompent guère sur les ressorts qui animent ces hommes
en les nommant : « I Percetori » (les
percepteurs). La position de bandit est même une source
d’influence dans la société insulaire où la justice a
toujours été considérée comme inefficace ou
insuffisante.
C'est
la raison pour laquelle l'administration décide qu'il
convient d'opposer aux bandits non plus une police
continentale mais une force indigène. Le gouvernement
décide de mettre sur pied un bataillon de voltigeurs
corse fort de 400 hommes armés et devant exercer une
fonction d'auxiliaires dans le maintien de l'ordre. Ce
bataillon sera institué par une ordonnance royale du 23
décembre 1822.
Composé uniquement d’insulaires volontaires dont
certains ont choisi de faire partie dans le but inavoué
de régler leurs comptes en toute impunité, ce corps de
voltigeurs se révèle
plus redoutable que les gendarmes mais les excès qui s'ensuivent conduisent à sa
dissolution en 1850 et il sera remplacé par la création
d'un bataillon de gendarmes mobiles dans lequel
choisissent de s'engager de nombreux voltigeurs.
Cependant, la lutte contre le
banditisme s'intensifie. Les effectifs de la gendarmerie
sont renforcés et réorganisés en 1851. Une loi du 10
juin1853 interdit le port d’armes à feu et d'armes
blanches.
On estime que le département est passé
de 148 bandits en 1852 à moins d'une dizaine en 1854.
Mais au début des années 1920, le
banditisme redevient actif dans l’île et brave les
forces de l’ordre impuissantes.
A travers les reportages
qui franchissent les frontières, les bandits deviennent
même célèbres : Spada, Caviglioli, Bartoli, Romanetti.
Certains d’entre eux se tourneront vers « le
gangstérisme » et exerceront leurs activités sur le
continent.
Afin d’éradiquer définitivement cette menace,
le gouvernement de Pierre Laval organise, largement
commentée, amplifiée et déformée par les medias, une véritable
expédition militaire.
Le 8 novembre 1931 arrivent à
Ajaccio a bord de deux navires mixtes, trois avisos et
un avion de chasse, 6 compagnies de 90
gardes mobiles, un impressionnant matériel de guerre
composé de deux tanks, dix auto mitrailleuses, vingt
camions et des chiens policiers.
Dans de
nombreux villages, comme Gagnu, La Punta, Vicu, Palneca,
Guitera, Zicavu, les routes sont interdites à la
circulation, le téléphone est coupé, le couvre feu est proclamé.
En peu de
temps plus de 160 personnes, sont interpellées avec
brutalité par les forces de l'ordre et incarcérées à la prison
d'Ajaccio ou elles y resteront plus d'un mois sans être
cependant interrogées.
En 1935, le dernier des bandits,
Spada, sera guillotiné en public, place Saint
Nicolas à Bastia.
Le macabre rituel du bourreau
Deibler, plus communément appelé "u Boja", venant
spécialement du continent avec ses bois de justice pour
exécuter la sinistre besogne, prendra définitivement fin
avec cette dernière exécution.
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