Quand on parle de la Corse, on l'associe immanquablement à Napoléon.
Mais d'autres personnages ont marqué de leur empreinte ce pays. Certains
y sont nés, ou y ont vécu, d'autres y ont simplement séjourné. Tous ont
écrit, chacun à leur manière, une page d'histoire qui raconte une île,
sa mémoire séculaire, sa culture, ses traditions et ses coutumes.
De l'antiquité à nos jours, les opinions les plus diverses et les plus
contraires ont été émises :
Diodore de Sicile (90-20 av.JC) écrivait : "Les habitants se
nourrissent de lait, de miel et de viande que le pays leur donne en
abondance; ils vivent entre eux en très bonne intelligence; leur
caractère et leurs mœurs révèlent des sentiments humains inconnus aux
peuples barbares. Les produits de leurs montagnes appartiennent
également à tous. L'île est habitée par une population barbare parlant
une langue étrangère et difficile à comprendre. Les Esclaves Corses sont
préférables à tous les autres."
Strabon (60 av.JC-20 ap.JC) parlait ainsi des
habitants de nôtre île : "Les Montagnards Corses vivent de
brigandages; ils sont plus sauvages que les bêtes elles-mêmes ; toutes
les fois qu'un général romain en ramène quelques-uns à Rome, en
esclavage, c'est un singulier spectacle que de voir leur férocité et
leur stupidité : ou bien ils se donnent la mort, ou bien par leur
indocilité et leur stupidité-ils fatiguent leurs maîtres au point de
faire regretter le prix, quelque minime qu'il soit, auquel ils ont été
achetés."
Victor Hugo affirmait : "Chaque
État a son esclave; chaque royaume traîne son boulet. La Turquie a la
Grèce, la Russie la Pologne, l'Angleterre l'Irlande et la France a la
Corse. A côté de chaque peuple maître, un peuple d'esclaves. Édifice mal
bâti : moitié marbre, moitié plâtras."
Napoléon, le 24 février 1821, peu de temps avant sa mort, déclarait
: "La Corse n'est pour la France qu'un inconvénient, une verrue
qu'elle a sur le visage. Choiseul disait que si d'un coup de trident on
pouvait à la Neptune, enfoncer la Corse sous la mer, ce serait un bon
débarras... et il avait raison."
Le désastre de Sedan (1er
septembre 1870) a entraîné pour la Corse des conséquences inattendues.
En effet, au lendemain de la déchéance de Napoléon III, face à
l'attitude des députés corses à l'Assemblée nationale et face à
l'attitude des maires corses qui démissionnent en masse, la presse
continentale et les républicains se déchaînent et se mettent à
orchestrer une véritable campagne de dénigrement à l'égard des Corses
présentés pour être les suppôts du bonapartisme déchu ; un journal
lyonnais envisage même de donner l'île à la Prusse pour récupérer
l'Alsace et la Lorraine !
Clemenceau, en 1871, déposait devant l'assemblée
la pétition suivante : "... le club positiviste de paris demande
à l'Assemblée nationale que la Corse cesse irrévocablement et
immédiatement de faire partie de la République Française."
Jules Vallès écrivait le 4 mars 1871
dans le journal Le cri du peuple : "... La vérité qu'il faut dire,
c'est que la Corse n'a jamais été et ne sera jamais française. Voilà
cent ans qu'elle traîne [la france] à son pied ce boulet, nous l'en
voyons estropiée et meurtrie. Le Corse est naturellement mouchard et
assassin ..."
Et le journaliste Louis Etienne Salmon, plus
connu sous le pseudonyme de Louis Noir, écrivait à son tour :
"La Corse est la vraie patrie des assassins gagés."
Alphonse Daudet, en 1888, écrivait dans
son roman l'Immortel :
"Toutes les mêmes, ces grandes familles corses : crasse et vanité. Ca mange
dans de la vaisselle plate à leurs armes des châtaignes dont les
porcs ne voudraient pas...
En 1890, le voyage du Président Sadi Carnot en
Corse est relaté dans Le petit journal tiré à plus d'un million d'exemplaire, par
un article intitulé : "Le Président chez les sauvages."
En 1768, un illustre inconnu anonyme maintient
que "les Corses et la potence vont ensemble comme Pâques et l'alleluia".
En 1740, Maillebois affirme
présomptueusement : "j'ai trouvé en Corse des démons et j'en ai
fait des anges".
Tandis qu'un officier du régiment de Picardie,
en garnison dans l'Île de 1774 à 1777, décrivait dans ses mémoires "un
peuple nouvellement conquis, nullement assujetti, sans moeurs, sans
lois, sans police".
De Gaulle, en 1943 s'exprimait ainsi :
"la Corse a la fortune et l'honneur d'être le premier morceau libéré
de la France. Chaque fois que la France entame une nouvelle période
de sa vie, il faut que les Corses en soient les artisans et les
témoins".
Jean-Jacques Rousseau, Boswell, Dumas,
Matisse, Maupassant et bien d'autres l'ont admirée et aimée.
Quoi qu'il en soit, jamais "cette île qui
étonna le monde", n'a suscité l'indifférence et n'a fait
naître autant de passions.
La Corse romantique, pays des bandits d'honneur et
de la vendetta ; C'est ainsi qu'elle fut souvent perçue et décrite
par des journalistes continentaux et par des voyageurs tels que
Mérimée ou Maupassant, qui cherchèrent prétentieusement, à travers
des clichés passionnés et romancés, à décrire "l'âme corse",
contribuant à donner ainsi naissance à des mythes et des légendes à
la vie dure.
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