A l'époque de Pascal Paoli, les
villes et villages de Corse n'étaient reliés entre eux
que par des sentiers que l'on parcourait à dos d'âne ou
de mulet.
Après 1769, la France entrepris le
développement du réseau routier de la Corse en menant à
bien des travaux sur les axes stratégiques. Sous le
consulat de l'Empire, le manque de main d'oeuvre obligea
les autorités à employer des déportés de Saint Domingue
et de la Guadeloupe, notamment pour les travaux
d'aménagement de la route de Vizzavona, dans des
conditions de vie particulièrement pénibles.
Les travaux d'aménagement du
principal chemin conduisant d'Ajaccio à Bastia commencés
par Maillebois seront véritablement entrepris au cours
de l'année 1800 par Miot de Melito.
Avant 1830, la Corse ne compte
guère plus de 420 km de routes très inégalement
entretenues.
A partir des années 1830 et
jusqu'en 1914, la révolution technique des transports va
profondément modifier le paysage économique de la Corse.
Les huit routes nationales (RN193 à RN199) font leur
apparition mais de nombreux ponts en bois subsistent
encore.
Au début des années 1880, le
réseau routier de l'île couvre 5287 km.
Grâce aux efforts consentis par
l'État, en 1909, il ne reste que 35 communes et 310
villages dépourvues de tout chemin carrossable ; ce qui
n'empêche pas le journal Le Corsica du 15 décembre 1910
d'écrire : "Peut-on concevoir qu'au XXème siècle, il
existe un département français où le transport des
marchandises, des denrées de première nécessité, soit
fait par charrettes et qu'une lettre mette trois jours
pour parcourir 80 kilomètres !..."
Mais le circuit routier va se développer rapidement.
La traversée du village de Bocognano est achevée en 1853. A la fin du Second Empire
la route impériale d'Ajaccio à Bastia est praticable sur
toute sa longueur et le trafic se développe rapidement
tandis qu'un service postal est mis en place dès 1868
entre les agglomérations d'Ajaccio, Bastia, Calvi,
Sartène, Vico.
Un service de voitures dit "à
grande vitesse" fonctionne entre Ajaccio et Bastia
avec départ à 4 heures du matin. Le trajet s'effectue en
13 heures. Sur le même trajet, le voyage en diligence,
moins onéreux, dure quand à lui, 20 heures.
Le transport de passagers, effectué par par des voitures
hippomobiles à sept places de type tramway perdurera
cependant jusqu'en 1936.
Mais le temps
des carrioles est révolu et l'on abandonne la diligence
et l'âne postal
pour la voiture à piston.
Le premier véhicule, une De Dion-Bouton de
20 places emprunte pour la première
fois la route carrossable reliant Ajaccio à Bastia,
achevée en 1827.
Dans le même temps, les automobiles
Peugeot ouvrent leur première agence à Ajaccio et le 3
novembre 1899, le premier véhicule
automobile circule dans les rues de la ville
; Il faudra attendre le mois de janvier 1903
pour voir s'ouvrir une succursale à Bastia,
boulevard Paoli.
Le nouveau mode de
locomotion entreprend la conquête de l’île
par le biais du transport postal, où
s’investirent les élites locales, notamment Erasme Carrega et Fortuné Thiers,
créateurs de la Société des Messageries
automobiles corses en 1908.
Conséquence
de la situation économique difficile de
l’île, les automobiles particulières
demeurent rares On en recense une seule en 1899, une
demi-douzaine vers 1908, mais près d’une
quarantaine probablement en 1914 ; la Corse
demeurait en queue de classement tant pour
le nombre de véhicules en circulation que
dans le rapport au nombre d’habitants réels.
A compter de 1911, le
premier guide Michelin pour la Corse est
édité.
Le premier permis de
conduire délivré dans l'Île date du 21 février
1916. Il n'était pas rare de voir des jeunes
garçons de 15 ans, parfois moins, en être
titulaires. En effet, la circulaire du 10
avril 1899 ne fixait aucune âge limite. Il
fallut attendre le décret du 31 décembre
1922 qui fixait la limite d'âge a 18 ans
pour qu'apparaisse le premier code de la
route et l'intitulé "permis de conduire"
appelé auparavant "certificat de capacité".
A la veille de la
première guerre mondiale trois sociétés
dominent le transport automobile postal en
Corse :
La Société des
Automobiles du Cap qui de Bastia desservent
Morsiglia et Nonza.
La Société des
Messageries Automobiles Corses qui relie la
gare de Ghisonaccia à Sartène en passant par
Porto-Vecchio et Bonifacio.
La Société Corse des
Automobiles qui dessert Ajaccio, Sartène,
Levie et Ajaccio, Vico, Sagone.
En 1921, la Compagnie
PLM, créée en 1857, ouvre à Ajaccio un bureau pour son
agence des Transports Automobiles de la
Corse.
A partir de 1894 la mise en
service du réseau ferré apporte une véritable révolution
dans les transports.
C'est à Bocognanu qu'à lieu le
plus gros chantier que la Corse ait jamais connu :
Tous les habitants de la région y
participent. Plusieurs centaines d'ouvriers, pour la
plupart d'origine Italienne travaillent également à la
construction de la voie ferrée et aux percements des
tunnels dont le plus long (plus de 4 kilomètre)
représente à lui seul une véritable exploit.
Le 1er décembre 1888, le tronçon
Ajaccio-Bocognano est terminé et en juillet 1889 le
train arrive à Vizzavona tandis que la portion du trajet Bastia-Corte
est ouverte au cours de la même année.
En 1894, le chemin de fer relie
désormais Ajaccio à Bastia.
La ligne Ponte-Leccia-Calvi sera
achevée en 1890.
La section Porto-Vecchio-Corte
sera ouverte en décembre 1894
Sur la côte orientale, l'axe Bastia-Ghisonaccia
sera achevé en 1888.
La ligne Bastia-Porto-vecchio sera
terminée en 1935.
La construction
de la voie ferrée reliant Porto-Vecchio à Bonifacio,
arrêtée par la guerre, sera définitivement abandonnée.
Depuis 1894, on peut
désormais, d'Ajaccio rejoindre
Bastia par le train en moins de 8 heures, Calvi en
09 heures, Ghisonaccia en 10 heures.
Après dix ans de travaux qui ont
représenté un véritable défi pour les ingénieurs de
l'époque, les
230 km du parcours qui compte 38 tunnels ,
14 ponts et 34 viaducs sont enfin achevés.
Gustave Eiffel participa à cette grande aventure en
construisant le Ponte-Vecchio (entre Vivario et
Vénaco).
La Corse, c'est aussi une île
qu'il faut relier au continent. Le 18 juin 1830, le
premier bateau à vapeur
Liamone accoste à Ajaccio, tandis que deux
jours plus tard c'est au tour du Golo de
faire escale à Bastia.
Plus tard, au cours de l'année
1900, la compagnie
Fraissinet développera les transports maritimes
en mettant en service cinq liaisons hebdomadaires entre
la Corse et le Continent et quatre avec l'Italie. Un an
plus tard a lieu la première liaison quotidienne
Nice-Ile-Rousse. À partir de 1908, la Compagnie Fraissinet utilise un matériel approprié pour
l’embarquement des automobiles. Le départ et l'arrivée des navires
sont le passe temps favori des badauds Ajacciens qui se
pressent sur le port pour assister au déchargement des
voitures transportées par le ville d'Ajaccio, le
Bonaparte, le Corte II, le Sampiero Corso, le Pascal
Paoli, le commandant Quéré.
Le 14 novembre 1886, un jeune
Bastiais de 24 ans, Louis Capazza et son ami Alphonse
Fondère franchissent la Méditerranée à bord de leur
ballon "le Gabizos" en se laissant porter par les
courants de Marseille au col de San Bastiano près
d'Ajaccio.
Le 9 octobre 1912 à Bastia, la
plage de l'Arinella est envahie par une foule venue
assister à l'atterrissage d'un petit avion venu de Pise.
En moins de 3 heures, l'aviateur Italien Nino Cagliani a
parcouru sur son monoplane les 160 kilomètres qui
séparent Pise de Bastia.
A compter du 18 novembre 1921 et trois fois par semaine,
la Compagnie Aéro-Navale lance ses
premiers vols commerciaux entre Antibes et Ajaccio. Les premiers hydravions
assurant la liaison avec Marignane, Antibes et Tunis où
de nombreux Corses se sont expatriés, amérissent
dans la rade Ajaccienne.
Garés la nuit au bassin de
l'Amirauté (port Charles Ornano aujourd'hui), ils
viennent au petit matin s'arrimer au quai napoléon, à
proximité de l'hôtel de ville pour embarquer les
intrépides et fortunés voyageurs.
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