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LA MINE ET LE BARRAGE
DE L'ARGENTELLA
Photos
JS.TIMOTEI
Département de la Haute Corse
Commune de CALENZANA - CP: 20214
Canton de CALVI
Latitude: 42.46.0556 - Longitude: 8.685.556 - Altitude: 51 m |
La mine et le barrage de l'usine métallurgique de l'Argentella se trouvent sur la D81b qui relie Calvi à Galeria par la côte.
Le site se trouve à
23 km de Calvi et à 14 km de Galeria.
Le point de départ se situe en bordure
de route au niveau du camping la Morsetta et du bar-restaurant.
En
suivant le chemin de terre, les ruines
des bâtiments dont on aperçoit la cheminée,
sont rapidement accessibles.
On pénètre dans l'enceinte de
l'usine par un porche et on
rejoint le barrage Collas en moins de10 minutes de
marche.
De nombreux vestiges de cette
exploitation, conduite à ciel ouvert et en galeries,
sont encore en place. Autour du grand couloir, de
nombreux forets sont toujours figés dans la roche. Des
trains de chiens de mines et plusieurs pièces en fer
sont visibles en contrebas des haldes, le long du
ruisseau de Cardiccia. L'usine de traitement du minerai,
établie sur la rive droite du ruisseau Petrico, à
quelques centaines de mètres de la mer et un bâtiment
administratif sont conservés en élévation.
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Les galeries
minières, quand à elles, sont visibles
500 mètres plus haut,
au pied du Capu di l'Argentella, à 813 m
d'altitude et se trouvent à environ 40
minutes de marche des bâtiments.
Les mines de l'Argentella
qui ne sont plus véritablement exploitées depuis 1910
ont été installées au
XIXe siècle. Les bâtiments de l'ancienne
usine et les galeries à ciel ouvert,
sont aujourd'hui dans un état de total
délabrement.
On peut cependant
visiter avec précaution les ruines de
bâtiments de l'usine et découvrir ente
autre, les supports des machines à
vapeur et les socles des concasseurs.
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On relève des
traces d'activité minière dans la région
depuis 1572 et le plan terrier fait état
d'une mine d'argent ouverte par les
génois.
En l’état des
connaissances, on ignore toujours la datation de la
découverte du gisement et des premiers travaux. Cette exploitation ancienne était
constituée de bâtiments, d’installations hydrauliques,
de tranchées, de galeries et de puits. Ces vestiges ont
en grande partie été effacés par la reprise de
l’exploitation qui débuta à partir des années 1850.
Malgré cela, la présence de ces travaux a pu être
confirmée sur le site, lors de cette première phase de
prospection, par l’observation de creusements dont les
parois sont caractéristiques d’un abattage par le feu.
Il s’agit bien d’une technique d’extraction minière
utilisée avant l’usage de la poudre, qui n’apparaît
qu’au début du XVII ème siècle.
Les premières demandes de
concessions ont été déposées en 1847.
Les mines sont concédées
par décret impérial en date du 9 janvier 1856.
Les administrateurs sont : Me Agostini,
Noullet, Caillo ; mais faute de
capitaux, le gisement demeure inexploité
de 1857 à 1865 et ce n'est qu'à partir
de 1870 que les mines de l'Argentella
d'une superficie de 1091 ha, seront acquises
pour la somme de 2,5 millions de francs, par un
riche investisseur, chef
d'industrie, armateur, ex-député de Gironde
et officier de la Légion d'Honneur,
Bernard-Camille Collas, à qui
l’on a vendu plus d’espoirs que de
réalités. Il aménage à grands frais une
grande usine pour traiter le minerai et
un barrage pour l’alimenter en eau. Les
ingénieurs Huet et Geyler, déjà très
réputés, sont sollicités pour la
réalisation de ces ouvrages. 20 000
tonnes de roches sont abattues. Depuis la
Grande Tranchée, où l’on
extrait un minerai de galène à forte
teneur en argent, on installe des câbles
aériens puis des plans inclinés sur 2 km
pour acheminer la recette à la nouvelle
laverie équipée de trois machines à
vapeur alimentées par cinq chaudières
pouvant développer une force de 100 CV.
On aménage également le port Julietta
dans la baie de Crovani, des logements, un bâtiment
administratif, des forges, des écuries,
des magasins pour accueillir et
ravitailler plusieurs centaines
d’ouvriers qui travaillent à la mine.
Une émission de 3000 obligations de 500
francs au porteur est autorisée par
l’acte constitutif de la Société, passé
devant M.Tandeau de Marsac, notaire à Paris.
170 ouvriers concourent
à l'exploitation, mais à partir de 1875
l'activité de l'usine diminue et elle ne
travaillera plus que quatre à cinq
semaines deux fois par an avec un
effectif de 100 ouvriers.
Dès 1876, .En
1878, la Grande Tranchée et les
chantiers périphériques ne fournissent
plus que 30 tonnes de minerai par jours
pour alimenter la laverie.
Lors de la
construction du barrage, un gisement de
cuivre a bien été découvert à Valle Calde. Il
fera l’objet d’une petite exploitation
de substitution. Malgré cela, et les
millions investis pour les installations
et les recherches, C.Collas doit se
résoudre à céder la concession.
En 1886 une
compagnie Anglaise rachète la mine et
fonde l'Argentella Mining Limited
qui exploitera le gisement pendant deux ans
en employant jusqu'à 200 ouvriers.
Le gisement de
galène argentifère très riche localement
présente des dimensions limitées, et son
extraction ne permet pas de rentabiliser
l’affaire. Le
site continuera ensuite à être exploité
sans succès par divers repreneurs à
partir de 1888. Dès lors, la concession
passe entre les mains de sociétés
anglaises. Sur de courtes périodes,
l’activité reprend. On compte même
jusqu’à 250 ouvriers à la mine au début
de la reprise, mais malgré ces nouveaux
efforts, les travaux sont réalisés en
pure perte, et découragent rapidement
ces nouveaux investisseurs. En 1898, une
grande partie du matériel, dont les
machines de la laverie, est vendue à
Marseille.
La Société des mines et
fonderies de Francardo, qui
tente de lancer une exploitation
exhaustive des gisements de cuivre en
Corse, acquiert la concession en 1906,
puis la revend immédiatement en
réalisant un énorme profit. Elle passe
ensuite entre les mains d’autres
compagnies, comme la Société
d'Exploitation Minière de la Corse
de 1928 jusqu'à sa fermeture définitive
en 1930. En 1947, elle fait à nouveau
l’objet de quelques investigations de
peu d’importance, puis elle est
abandonnée définitivement. La déchéance de la concession de
l'Argentella sera prononcée le 24
janvier 1964.
(Référence électronique :
Florian Leleu
Calenzana – Les mines de l’Argentella [notice
archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations Corse, mis en ligne le 08 janvier 2021,
consulté le 26 septembre 2021.
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Le barrage Collas, haut d'une
vingtaine de mètres,
peut contenir 80.000 m3 d'eau. Il a une
superficie de 2,37 hectare, mesure 144 m
de large et sa profondeur est de 463 m.
Ses
installations sont aujourd'hui hors d'usage et ne
répondent plus aux normes actuelles de
sécurité.
Les municipalités de
Calenzana, et Galeria qui en ont
la responsabilité s'inquiètent de sa
résistance en cas de fortes crues car en
contrebas sur la D81b se trouve le
camping de la Morsetta et aussi quelques
habitations.
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Il faut rappeler ici
que le projet d'un centre
d'expérimentations nucléaires
souterraines dans les anciennes mines de
l'Argentella avait été élaboré par le ministre délégué à
l'Énergie atomique qui s'était déplacé
sur les lieux le 14 avril 1960.
L'objet de sa mission exploratoire était
d'étudier les conditions de l'installation en Corse, d'une
bas d'expériences atomiques souterraines. Cette idée
paraissait tellement énorme que le premier mouvement des
élus et de la population avait été de croire à une
plaisanterie de mauvais goût. Les élus avaient réagi violemment en
créant un comité de défense
départemental. Un autre comité, dit de Ponte-Novu, regroupant
les élus du Cortenais et de la Balagne auquel étaient
venus s'associer le commandant Cousteau et tous les Corses
de la diaspora s'était également créé. Partout en Corses,
des grèves et des manifestations auxquels participaient de
nombreux élus s'organisaient.
Le président Giaccobbi déclarait : "
J'émets les plus grandes réserves sur les projets en
cours. Je me rends compte que le gouvernement ne pense à la
Corse que pour lui demander de faire des sacrifices.
Lorsqu'il s'agit de notre île la politique générale du
gouvernement est déplorable et n'apporte rien de
constructif. Je pense que la situation en Corse est assez
explosive sans qu'il soit nécessaire de lui ajouter cette
bombe".
Dans le journal le petit Bastiais on
pouvait lire: "La solution au
problème Corse : la bombe atomique."
En 1964, le gouvernement renoncera
enfin à son projet démentiel.
La première bataille de
l'environnement était gagnée, celle des boues rouges allait
commencer...
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