En
1656, la peste qui faisait des ravages à Gènes risquait
de franchir la mer. La ville d'Ajaccio fut placée sous
la protection de Notre Dame de la Miséricorde et la
ville fut épargnée. Depuis, le 18 mars de chaque année,
jour de l'apparition de la vierge à Savone en 1536,
Ajaccio, rend hommage à la madone.
Les croyances avaient la vie dure;
même quand la médecine officielle a fait son apparition,
vers le XVIème siècle, on a continué à avoir recours au
savoir populaire.
Les Corses, s'en sont toujours remis
aux saints, lorsque la médecine s'est révèlée
impuissante à guérir leurs maux. L'île, de par sa
situation géographique et stratégique en méditerranée
était particulièrement exposée et les bateaux qui
atteignaient nos côtes apportaient avec eux leurs lots
de désolation comme la peste, la gale, la lèpre (XIV,
XVII, XVIII ème siècle), la syphilis (XVIème siècle) que
l'on appelait u male francese, le cholera
ou la diphtérie (XIXème siècle).
L'anecdote suivante montre à quel
point la population était démunie face aux épidémies.
En septembre 1799, Napoléon
revenant de sa campagne d'Egypte, pays alors infesté par
la peste, débarqua à Ajaccio avec ses soldats. En guise
de protection contre le terrible fléau, on apporta sur
la plage un tonneau de vinaigre, dans lequel les membres
de l'équipage eurent à tremper leurs mains.
A Aléria, plus que partout
ailleurs, le fléau de la malaria fit de nombreuse
victimes et fut à l'origine d'une expression encore
usitée par les anciens pour parler de quelqu'un qui a
mauvaise mine : "Pare ch' ell' abbia fattu a
stagione in Aleria ! " (on dirait qu'il a fait
la saison à Aléria). Dans beaucoup d'endroits de la
plaine orientale, à Mariana, à Biguglia, aux embouchures
des fleuves, dans les étangs, à Diana, à Urbino,
l'aria gattiva sévissait. La population fuyait
dans la montagne mais les mauvais vents, comme le
Sirocco et la tramontane la rattrapait. Seul le libecciu,
apportait un peu d'espoir.
Démunis, impuissants, pour se
protéger contre ces maladies, on avait recours à la
prière, à la magie, à la sorcellerie, aux plantes
"miraculeuses" et autres grigris. Ainsi, pour protéger
les enfants contre les vilaines maladies, on leur
faisait porter autour du coup, un collier de gousses
d'ail.
La rareté de l'argent, les
difficultés liées à l'éloignement, faisaient
qu'on ne faisait appel au "Jo duttore"
qu'en cas d'ultime nécessité; d'ailleurs, ce
dernier arrivait bien souvent trop tard.
Et puis, parce qu'on
n'accordait qu'une confiance limitée au
médecin communal qui soignait à coup de
quinine, de sangsues, de saignées, de
tisanes purgatives et autres
décoctions, on préférait, avoir recours aux
plantes (comme l'erba bianca
pour soigner les hémorroïdes, le basilic,
l'ellébore, le buis, le romarin, le ricin,
le sureau, l'ortie, etc...) et au
savoir populaire: à la
signadora pour se faire enlever le "mauvais
oeil", à l'accunciadore
(rebouteux) pour remettre un os en place,
soigner un mal de dos, réparer une jambe
cassée, au stazzunaru
(forgeron) pour se faire arracher une dent,
à la mamana
(matrone) ou accoucheuse, qui pratiquait les
accouchements dans des conditions d'hygiène
très rudimentaires.
Bien souvent, l'ignorance aidant,
une femme ne s'apercevait qu'elle était enceinte qu'à un
stade très avancé de sa grossesse. Les familles étaient
nombreuses et il était courrant qu'une mère mette au
monde de 7 à 11 enfants, sans compter ceux qui étaient
mort-nés à la naissance ou qui n'avaient pas survécu
bien longtemps.
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Vers le milieu du XIXème siècle, les vertus des eaux ferrugineuses d'Orezza avaient
atteint une réputation nationale.
Les curistes y
étaient envoyés pour soigner leurs maux
d'estomac, leurs maladie de peau, la goutte,
l'hystérie. |
Enfin, les eaux ferrugineuses ou
sulfureuses de Caldaniccia (près d'Ajaccio), de Gagnu,
de Petra-polla, de Puzzichellu (sur Aleria), de Guitera,
ont été depuis le temps des romains, un élément
important dans la manière de se soigner.
Les Corses, eux, quand le mal
nécessitait de partir sur le continent pour une
opération, préféraient l'Italie à la France en raison de
la distance et d'une plus grande confiance dans la
médecine Italienne. |