|
MATRA
LA MINE
D'ARSENIC
Photos
JS.TIMOTEI
Département de la Haute Corse
Canton de GHISONACCIA
CP: 20270
Altitude: 622 m
Latitude: 42.285.303
Longitude: 9.390.806 |
Connu
par ses très anciennes familles qui y
exerçaient leur féodalité au temps de
Paoli, le village de Matra possède
également la particularité d’avoir connu
l’industrialisation avec sa mine
d’Arsenic dont l’exploitation va
bouleverser la vie des quelques 200
habitants de ce paisible village.
L’histoire commence à la fin du XIXème
siècle, lorsqu’à la suite d’une crue de
la petite rivière A Presa, on découvre
la présence du gisement.
Le filon s’avère très riche et
représente un énorme enjeu économique en
ce début du XXème siècle car à cette
époque, l’arsenic dont on ignore encore
la toxicité est utilisé dans la métallurgie, la
pharmacie, la lutte contre les parasites
agricoles ou domestiques...
Pourtant, c’est durant la Grande Guerre
que le poison fera le plus de dégâts.
Au début du XXème
siècle la famille Marsily, propriétaire
foncier sur la commune de Matra entame
une procédure pour l'obtention d'une
concession qui lui est refusée.
Elle vend alors
ses droits à la Société de l'Arsenic,
filiale de la Société des Mines de
Luceram. Après avoir déposé un brevet au cours de
l’année 1908, la société
L’Arsenic
dirigée par Louis Charli,
Ingénieur Directeur, obtiendra la
concession et exploitera activement
le gisement.
En 1912, la mine
tourne à plein régime. Plusieurs galeries
sont creusées et dans les années qui
précèdent la grande Guerre, elle
emploiera jusqu'à 74 mineurs et va
extraire plus de 36000 tonnes du
précieux filon qui aura une grande
valeur stratégique pour la France.
En effet, l’acide arsénieux est un puissant
neurotoxique puisqu’il entre dans la
composition des gaz de combat. Le
minerai est expédié aux usines de la
Haute Loire qui fourni des produits
chimiques pour les besoins de la guerre.
Chaque jour,
des hommes et des femmes arrivent à pieds des
villages voisins pour gagner un salaire de misère et
supporter dans des conditions de travail effroyable
les poussières toxiques. Un grand nombre d’étrangers
venus d’Italie et même des pays de l’Est s’installent
au village. La population de Matra double rapidement
et avec elle, le commerce se développe.
En 1914, la mine en pleine expansion malgré la
pénurie de main d’œuvre, s’active pour l’armée et
lui fourni ses gaz mortels.
Pour pouvoir continuer à
fonctionner, elle fait appel à la main d'oeuvre
étrangère, tant prisonniers de guerre qu'internés
civils.
De 1922 à 1936, l’usine d’Arsenic va
connaître une
longue période d’inactivité. Elle reprendra
cependant normalement son activité après une mise à
niveau de ses équipements.
En 1939,
l’usine recrute à nouveau pour subvenir aux
besoin de l’armée qui a besoin encore une fois de
reconstituer ses stocks de gaz de combat.
Malgré une mise à niveau des équipements, les
difficultés liées aux coûts des transports et la
deuxième guerre mondiale mettront un terme à
l’exploitation de la mine en 1946.
A Matra l’exploitation de la mine d’Arsenic n ’a pas laissé que de bons souvenirs.
Les percements des nombreuses galeries qui ont plus
de dix mètres de profondeur et qui débouchent
directement dans le lit de la rivière où s’entassent
les déblais et de nombreux déchets, ont engendré une
pollution qui subsiste encore aujourd’hui.
Abandonnées sur un sol recouvert d’une poudre jaune
orangée, les cuves de la laverie rappellent encore
que dans l’une d’entre elles est morte une des
habitantes du village.
La page de cette époque malheureuse est désormais
tournée mais la présence de cette mine à ciel ouvert
et de cette montagne entaillée au dessus du village
reste un lieu de mémoire, un morceau de notre
histoire dont bien peu se souviennent.
|