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PUZZICHELLU
Photos
JS.TIMOTEI
Département de la
Haute Corse
Thermes situés sur la commune
de AGHIONE
CP: 20270
Canton de GHISONACCIA
Altitude: 66 m
Latitude: 42.124155
Longitude: 09.408250 |
Puzzichellu se
trouve à 15 km d'Aléria. A partir de la
N198 on rejoint la bifurcation vers la D443 entre Aleria et Ghisonaccia.
Le site se trouve en limite de la commune d’Aghione sur la plaine Orientale.
A partir de la
second moitié du XIXème siècle, le
thermalisme, richesse naturelle de la
Corse, se développe : Orezza, Baracci,
Pietrapola, Guagno, Guitera, attirent de
nombreux curistes européens. L'atout
majeur de Puzzichello est qu'il est
alors situé à proximité de la halte du
chemin de fer de la côte orientale.
Datant probablement de l’antiquité,
utilisés à l’époque Romaine, les thermes
de Puzzichellu commencent à être véritablement connus à partir du XVIIIème siècle ;
mais ce n’est que vers le milieu du
XVIII ème siècle que les bienfaits des eaux la source thermale sont confirmés.
Le docteur Vannucci, de Corte, publia en 1838, sur les
propriétés des eaux de Puzzichello, une série d’observations
minutieuses qui éveillèrent la sollicitude de l’administration,
et dès 1840 le département faisait la concession des eaux à
M. Filippini. Le concessionnaire tint à honneur de remplir
au plus vite ses engagements. Il fit aussitôt construire à
côté des eaux de la source un vaste bâtiment renfermant des
cabinets à bains, fort
convenablement distribués, et sur un plateau qui domine la
source, une maison d’habitation assez spacieuse pour
recevoir un grand nombre d’étrangers.
A partir de cette époque et jusqu’à sa fermeture un siècle plus tard en 1939,
les bains de Puzzichellu dont la renommée, en matière de traitements et de soins en ORL, rhumatologie, pneumologie
et dermatologie a franchi la méditerranée, accueillent jusqu’à 600 curistes par ans.
Cependant, il est curieux et à peu près certain que malgré de nombreuses
demandes, l’exploitation de cette source n’ait jamais été déclarée
d’utilité publique.
Un peu
plus haut, sur une vaste étendue
plate, l’hôtel, dont on voit ici
une photo du temps où il était
encore debout, n'existe plus.
Seules sont encore visibles les
ruines de la maison d'accueil.
La toiture s'est presque
effondrée en totalité et la
végétation envahit l'intérieur.
L'ensemble
du site est dans un total état
d’abandon et de délabrement.
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En
1980 et 1986, un regain
d’intérêt pour le
thermalisme permettait de
réaliser des forages en vue
d’analyser la qualité
pérenne des eaux.
Aujourd’hui, des études de faisabilité, mais surtout des recherches de financements pour un
aménagement du site et la mise en valeur de
ce patrimoine qu’une végétation
luxuriante tente inexorablement de plonger dans l’oubli, sont
en cours.
La source minérale d’eau froide sulfureuse qui arrive sans captage
jusqu’à l’établissement, est à une température de 17 degrés.
En 1908 la structure disposait de
quatorze cabinets de bains, de
dix-sept baignoires en brique,
de deux piscines, de plusieurs bassins dans lesquels les patients
pouvaient se baigner et d’une salle de « massage » où l’eau, à très forte odeur d’œuf pourri,
était appliquée sur le corps sous forme de boue pour soigner les maladies de peau.
En 1943, entre le 22 et le 27 septembre, une poignée d’homme du 1er
bataillon de choc attaquèrent la gare de Puzzichellu ainsi qu’une compagnie de soldats de
l’armée Allemande qui logeaient dans l’hôtel de la station thermale. Les allemands, en
guise de représailles, rassemblèrent alors la population locale, y compris les enfants,
qu ils menacèrent de fusiller, jusqu'au moment où ils retrouvèrent, judicieusement planté
par un poignard dans une porte, l'insigne du 1er Bataillon de Choc revendiquant l'action,
ce qui a eu pour effet d'épargner les civils.
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En ce
temps là, les thermes étaient
desservis par le train dont la
voie ferrée parcourait alors la
côte orientale de Bastia jusqu’à
Ghisonaccia à partir du mois de
juin 1888, puis jusqu'à
Solenzara à partir de septembre
1930 et enfin jusqu'à
Porto-Vecchio à partir à partir
de septembre 1935. La ligne
Bastia-Porto-Vecchio, d'une
longueur de 152 km qui comptait
sur son parcours 25 haltes et
stations disparaissait
définitivement 8 ans plus tard,
détruite par les Allemands en
septembre 1943.
Le train,
après avoir franchi le pont dont
on peut voir encore les piliers
de chaque côté du fleuve Tagnone,
faisait un arrêt à Puzzichellu
avant de rejoindre la gare de
Ghisonaccia. La station de
Puzzichellu, dont on devine
distinctement l'emplacement sur
l'étroit chemin de la voie
désormais carrossable, se trouvait en
réalité à environ 3 km des
thermes, au lieu dit Casone, sur
la commune d'Aghione.
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Extrait
du récit du docteur Macé en visite aux eaux de
Puzzichello (Journal Le Petit Bastiais du 18 mai
1892)
[...] mais
que dans un département français, sur un trajet de
quelques minutes qui sépare la gare d’une station
hydrominérale où se rendent 600 malades, il n’y ait
pas un pont, pas une passerelle jetée sur la rivière
qui traverse la route, cela ne se comprend pas.
La rivière
traversée, la route est très courte. Mais quelle
route ! Le char à bancs que montaient deux de mes
compagnons de voyage y versa. Nous voilà arrivés.
Une belle allée de platanes conduit à la terrasse
qui s’étend levant la maison qui sert d’abri aux
baigneurs et qui est décorée du titre le Grand-Hôtel
de Puzzichello. Il parait que dans
toutes les stations hydrominérales, même dans les
plus minuscules, on ne saurait rencontrer un hôtel
moyen et encore moins un petit hôtel. L’artiste qui
a mis l’enseigne sur la porte de l’hôtel ne s’est
pas mis en frais de pinceau, ni de peinture. C’est
à l’aide du doigt trempé dans l’encre qu’il a écrit sur la porte
: Grand-Hôtel de Puzzichello.
Notez
que les baigneurs qui viennent habiter ce
Grand-Hôtel doivent apporter leurs draps et leurs
serviettes. Quelques baigneurs par économie
s’installaient dans les maisonnettes des paysans qui
habitent les hameaux du voisinage. Mais les
propriétaires de la source se réservant le monopole
de loger le baigneur, interdisent l’eau minérale à
quiconque n’habite pas l’hôtel. Ce n’est ni très
libéral, ni très intelligent.
Il y a une
cinquantaine d’années, les choses se passaient
autrement. Chacun venait planter sa tente dans le
voisinage de la source. L’aspect du camp ainsi formé
devait être des plus pittoresques. Le soir, pour se
distraire, et aussi avec l’idée peut-être de
purifier l’air, on allumait de grands feux autour
desquels dansaient les plus ingambes. Cet usage doit
s’être conservé, car le soir de notre arrivée, nous
eûmes le spectacle d’enfants et de grandes personnes
sautant, dansant, chantant autour d’un feu de joie.
A peine
descendu du véhicule qui nous a amenés, je me dirige
vers la source. Elle est située au bas d’un vallon
assez profond. On doit encore, pour arriver à
l’établissement, traverser un nouveau cours d’eau,
mais beaucoup moins important que le Tagnone.
Pas plus de pont ici que sur le Tagnone, mais des
pierres qui émergent de d’eau. Avec trois ou quatre
enjambées d’une pierre sur l’autre, on arrive aux
sources et à l’établissement balnéaire. Celui-ci se
compose de deux demi-rotondes séparées l’une de
l’autre par la buvette.
Ces
rotondes comptent six baignoires chacune, je veux
dire six trous creusés en terre et dont les parois
sont revêtus de briques. Entre ces deux rotondes se
dressent quatre colonnes qui servent de support à
des branchages destinés à abriter le buveur contre
les ardeurs du soleil. C’est en avant de ce portique
rudimentaire que coulent les deux sources à un mètre
de distance l’une de l’autre. Celle qui coule à
votre gauche lorsque vous regardez le mont d’où ces
sources émergent est désignée sous le nom de
Fontana d’Acqua gregia à cause de son aspect
laiteux.
Ce sont des
eaux athermales, 14 ou 15° centigrades, répandant
une forte odeur d’hydrogène sulfuré. La densité de
l'Acqua gregia est de 1,00215, celle de l’autre
source est de 1,00166. Une pièce d’argent plongée
dans ces eaux noircit à l’instant [...].
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