François Marie (Francescu Maria)
Castelli est né à Carcheto, en
Castagniccia, le 01 janvier 1875.
Véritable brute, Castelli, dénudé de tout sentiment
humain, s'en remet à la protection divine en se couvrant
de médailles pieuses.
Il est fort et vigoureux mais sa
voix plutôt féminine, comme le relèvera l'instruction
lors de son premier crime, dénote avec son physique.
Auteur de multiples assassinats et
tentatives d’assassinat, Castelli avait encouru six fois
la peine capitale par contumace.
L'homme a pourtant eu une enfance
paisible et jusqu'à l'âge de 30 ans, c'était un
cultivateur sans histoires.
Le 10 mars 1904, pour non
paiement d'une dette, il assigne devant le juge de paix,
Jules Santini, son cousin germain. Débouté, il en garde
cependant une profonde rancœur et deux ans après, le 08 septembre 1906,
il commet son premier meurtre : Au
couvent d'Alesani, alors qu'une journée de liesse se
termine, au cours d'une partie de cartes bien arrosée,
il abat froidement Jules Santini
d'un coup de fusil en pleine poitrine.
Après avoir d'abord
pris le maquis et après s'être vanté d'avoir
fait pression sur les témoins, le 08 janvier
1907 Castelli se constitue prisonnier à la
gendarmerie de Piedicroce. La cour d'assise de Bastia
lui reconnaît des circonstances atténuantes
et le condamne simplement à cinq ans de
prison et à cinq ans d'interdiction de séjour.
Après
avoir purgé sa peine à la prison de Riom (Auvergne), libéré
pour bonne conduite en juillet 1911, il
revient aussitôt au village de Carchetu malgré
l'interdiction de séjour, avec la ferme
intention de se venger des témoins qui avaient déposé
dans sa première affaire et dans ses différents crimes
lui ont valu les condamnations suivantes par contumace,
prononcées par la cour d’assises de Bastia :
1- Le 4 juin 1914,
condamnation aux travaux forcés à perpétuité pour la
tentative de meurtre de Léon Chipponi, vannier, un homme qui a déposé contre lui durant le
procès. Ce dernier échappe de justesse aux balles
de Castelli qui guettait son passage à une croisée
des chemins vers Carpinetu le 18 juillet 1911.
Le 21 juillet, le parquet de Corte
dresse un mandat d'arrêt à l'encontre de Castelli
qui est inculpé de tentative de meurtre et d'infraction
à un arrêté d'interdiction de séjour.
Le 19 août, posté derrière un
châtaignier, Castelli abat froidement le berger Sébastien Arrighi qui 24
ans auparavant avait eu une dispute avec son père! et
ordonne à sa veuve de quitter aussitôt le village de
Carchetu.
2- Le 28 septembre 1914,
condamnation à .mort, pour assassinat de M. Antoine
Raffalli, charetier de son état, qui, le 26 août 1912,
avait tenu des propos dérangeants contre le bandit Castelli, qui l'abat sur la route de Brustico de deux
coups de fusil tirés presque à bout portant.
3- Le 23 novembre 1917,
condamnation à mort, pour l’assassinat de sa parente, la
jeune Marie Castelli, 18 ans
Des homonymes, les frères François
Xavier et Jean-François Castelli, qui ont aussi témoigné contre
le bandit au cours du procès, vivent dans la peur.
Ayant été informé des intentions du bandit,
Jean-François Castelli, s'est barricadé chez lui.
Le bandit se poste devant sa maison et interdit
à quiconque de s'en approcher. Il a l'intention
de laisser mourir de faim le pauvre homme.
La cruauté du bandit atteint son
paroxysme quand le 06 mai 1912, vers 15 heures, en plein
village, il tire et blesse mortellement à
l'abdomen sa nièce, Maria Castelli, fille
de Xavier Castelli, à peine âgée de 18 ans, qui avait eu
la témérité de venir ravitailler son oncle. C'est Mathilda Castelli, 13 ans, qui tente vainement
de porter secours à sa sœur en frappant à toutes les
portes; mais les habitants de Carchettu
qui ont assisté au drame, restent cachés dans leurs
maisons, laissant agoniser la malheureuse jusqu'à 4
heures du matin. Quand les gendarmes arrivent, il est trop tard.
Castelli menace
ouvertement la population du village en faisant savoir
qu'il y aura des représailles si quelqu'un s'aventure à
fabriquer un cercueil à la jeune victime. Elle sera enterrée,
enroulée dans un simple drap, par le garde champêtre
réquisitionné pour la circonstance et par deux gendarmes
tandis que même les parents de la pauvre enfant
sont restés cloîtrés chez eux !.
Le lendemain, les frères Castelli,
escortés par les gendarmes, quittaient définitivement
Carchetu pour s'installer à Bastia.
Castelli confiera plus tard
à mon grand-père qui l'avait souvent pour
"hôte", : "J'ai commis de
nombreux crimes, mais le seul que je
regrette c'est celui d'avoir tué cette jeune
fille".
4- Le 23 novembre 1917, le
contumace est condamné le à mort pour tentative
d’assassinat de M. Jean-Joseph Bartolomei.
5- Le 8 mars 1918, il est de
nouveau condamné à mort pour l'assassinat de M.
Charles-Jean Ventura le 20 avril 1916.
6- Le 30 mai 1918, condamnation à
mort pour meurtre du brigadier de gendarmerie Victor Chabanon le 10 août 1914.
Ce jour là, à Zalana, Castelli, en compagnie de son
guide, est surpris par les gendarmes Chabanon et Benazet
qui tentent de l'interpeller. Le Brigadier Chabanon est
tué.
7- Le 1 décembre 1920,
condamnation à mort pour l'assassinat le 12 octobre 1917
de Pierre-Félix Albertini,
âgé de 67 ans, son ancien guide, qu'il soupçonne de lui
faire "la spia".
8- Le 11 juillet 1926,
condamnation aux travaux forcés à perpétuité pour le
meurtre de Jean-André Lambertini, un berger de Piubetta, autre guide de Castelli,
le 08 décembre 1921, à Pietricaggiu
après une soirée de beuverie dans la maison Castellani. Jean-André Lambertini, est
froidement abattu par le bandit qui le soupçonne de
l'avoir entraîné dans un guet-apens tendu par les
gendarmes de Valle-d'Alesani. A partir de ce jour Castelli
renoncera à se servir d'un guide.
Le 02 octobre 1923, au col d'Arcarota,
au cours d'une rencontre fortuite, Castelli tire sur son
Parent Pierre Castelli et le blesse grièvement avant de
prendre la fuite.
Ainsi se déroule la cavale de ce
terrible bandit, sans doute le plus sanguinaires et le
plus inhumain de tous, qui pendant 18 ans va terroriser
les habitants d'une paisible région de Castagniccia.
De l'Orezza à l'Alesani, il parcourt les villages en faisant
annoncer sa venue.
Chaque habitant, aussi
bien de jour comme de nuit, a comme consigne de laisser sa
porte ouverte au bandit qui s'invite tantôt
chez l'un, tantôt chez l'autre pour le gîte
ou le couvert.
Mon arrière grand-père tenait une
épicerie à Felce. Castelli le prévenait avant de venir
se ravitailler : "Couche les enfants, ce soir je vais
passer" (Castelli craignait les enfants, car ils
pouvait parler de sa venue); Et mon arrière grand-père se devait de
l'attendre jusqu'à des heures avancées de la nuit.
Quand il avait besoin d'argent, c'est aux notables,
aux gens aisés, au curé, qu'il s'adressait. Ma tante m'a
raconté que gamine, un jour, avec sa
cousine, elles le croisèrent dans les
escaliers alors qu'elles venaient rendre
visite au curé de mon village. Du haut
des escaliers, le bandit les avait mises en joue avec son
fusil pour les faire fuir et les inciter au silence.
Castelli n'a pas
besoin de demander, car tous savent que ses visites
n'ont rien d'amical. A la crainte, se mêle parfois
l'orgueil d'avoir reçu un "hôte de prestige"
et il arrive même parfois que l'on se dispute l'honneur
de l'avoir à sa table dans le but de s'en faire un allié,
un ami, un protecteur. Les hommes politiques ne se
privent pas non plus de le solliciter pour une aide
électorale et pour motiver les indécis. Il est lui même
candidat aux élections législatives de 1924 où il
obtient une centaines de voix considérées lors du
recensement comme des bulletins nuls. Mais cette
intrusion dans la vie politique dérange des hommes
influents de la région qui prennent la résolution
de le supprimer.
François Marie Castelli a 53 ans
quand, le 23 janvier 1929, vers 17 heures, au hameau
de Mezzane, près de Chiatra, en quittant
la maison de Paulin Mattei après avoir bien mangé et
bien bu, il s'écroule mortellement
blessé, atteint d'une balle dans le dos tirée par un
justicier anonyme. On trouvera dans ses poches, avant
qu'il ne soit enseveli au bord du chemin, sur les lieux
mêmes où il fut abattu, une statuette de Saint Antoine.
Ce crime, qui marquait la fin à 18
années d'oppression dans les communes de l'Alesani, de
l'Orezza et de a Pietra di Verde n'a jamais été élucidé,
mais dans l'Alesani, certains pensent qu'il a été commis par un proche du monde
politique de l'époque contre la promesse d'une forte
somme d'argent.
Autres bandits de Castagniccia :
Fiaschetto, Germani, Michaelli.
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Arrestation de
Francescu-Maria CASTELLI
le 24 octobre 1912. |
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Assassinat
de Castelli .
Extrait
publié par le journaliste Maurice Ricord dans le petit
journal du 29 janvier 1929. |
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Acte de décès de
Francescu-Maria CASTELLI rédigé
à la mairie de Chiatra le 24 janvier 1929. |
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