François Caviglioli est né à Lopigna,
dans le Cruzini, le 01 octobre
1898. Il partage son enfance et une partie
de sa jeunesse avec Spada (La soeur de Caviglioli,
Marie, dite "Mimi", deviendra plus tard, la
maîtresse de Spada); mais très vite
lassé de vivre au village, il quitte Lopigna
pour Ajaccio. Rien ne le destinait alors à
mener une vie de hors-la-loi.
A 18 ans, ne sachant
rien faire, il exercera divers métiers qui
ne le passionneront pas et s'adonne
rapidement à la boisson. Fréquentant tous
les bars de la ville, il devient
rapidement une épave au caractère
particulièrement agressif, dangereux et
bagarreur. C'est d'ailleurs au cours d'une rixe dans un
bar d'Ajaccio, qu'il est frappé à la figure avec la
crosse d'un revolver qui lui endommage un oeil qu'on lui
enlèvera lors de son service militaire.
Fréquentant Spada régulièrement,
il devient son guide en 1924 mais il le quitte en 1925
lorsque Spada se sépare de Mimi. C'est alors que lentement
l'amitié qui unit Caviglioli à son ami d'enfance, se détériore.
L'admiration qu'il portait à Spada se transforme en
haine. Quand il est ivre, il tient des propos
méprisants, profère des menaces et insulte ouvertement
Spada qui ne peut en supporter d'avantage. Un soir de
décembre 1926, alors que Caviglioli se retrouve plus
ivre que jamais dans un bar de Lopigna, Spada surgit et d'un coup
de fusil lui fracasse la mâchoire. Borgne et défiguré,
Caviglioli sait désormais à quoi s'en tenir.
Poursuivi,
par la malchance, le 30 octobre 1927, avec son frère
Félix, Caviglioli fait la tournée des bars
Ajacciens. Complètement ivres au bout de
quelques heures, les deux hommes pénètrent
au "chic bar", un établissement situé
sur le cours Napoléon. Le hasard veut que
dans la salle se trouve un certain Giacomini
avec lequel Caviglioli a eu un différent par
le passé. Après une feinte réconciliation,
les deux frères font mine de partir mais sur
le pas de la porte ils se retournent
brusquement, tirent plusieurs coups de feu
en direction du groupe de clients avec
lesquels ils viennent de trinquer. Ces
derniers, Giacomini, Mozziconacci et Massoni
ripostent car tous sont armés. Félix, mortellement
touché, sort en titubant et s'effondre sur le trottoir. François réussit à s'enfuir
en tirant des coups de feu, pour aller
se mettre à l'abris chez sa mère qui habite
la vieille ville. Là, il prend son fusil, traverse la
place des Palmiers et disparaît pour rejoindre le maquis
où il va organiser sa vie de fugitif en n'acceptant
d'être ravitaillé que par ses parents ou des amis
fidèles. Pour se procurer de l'argent et pour satisfaire
son penchant pour la boisson, il commence à rançonner
les commerçants.
En octobre
1928, il est surpris par deux gendarmes dans un bar d'Ambiegna
; il fait feu sans les atteindre et parvient à s'échapper.
Les gendarmes lui tendent alors une embuscade dans la
plaine du Liamone mais il réussit encore à leur
échapper. Deux gendarmes sont blessés.
Il est au maquis
lorsque son neveu Jean-Baptiste Torre,
déserteur de son régiment d'infanterie
coloniale, puis son autre neveu Toussaint Caviglioli, âgé de 17 ans, viennent
le rejoindre. Une vie de débauche faite de
beuveries, de rackets, de vols et de violences à
laquelle Spada est injustement mêlé, commence alors.
Le 21 octobre 1930, au matin d'une nuit bien arrosée dans une
auberge de Paomia, Caviglioli abat Ange Antoine Simeoni,
père de 10 enfants, ancien maire de Guagno, qui, sous
les vapeurs de l'alcool, s'était vanté de ne pas avoir
peur de lui.
Le 31 janvier, 1931, à
l'auberge Miramar, il arrête toutes les voitures qui
passent et oblige leurs occupants à trinquer avec lui.
Le 14 février 1931,
Caviglioli provoque à nouveau Spada en le
traitant de Sarde par l'intermédiaire du journal
"l' Eveil de la Corse" qui titre : "Il
lance un défi au bandit Spada".
S'étant installé à Tiuccia,
Caviglioli se déclare maître de la région en délimitant
"ses propriétés" par des panneaux d'interdiction.
Le 17 août
1931, cette violence est à son apogée lorsque se produit l'attentat
des bains de Guagno.
Accompagné de ses comparses, Caviglioli vient racketter le propriétaire
des Lieux Michel Simongiovanni ; mais celui-ci résiste aux menaces. Exaspéré, le bandit tire ; Simongiovanni évite la balle
qui lui est destinée mais qui atteint mortellement
Antoine Guagno, garagiste à Ajaccio. La fusillade à provoqué un
vent de panique chez les curistes qui dans l'après midi
quittent précipitamment l'établissement dans des cars
mis à leur disposition par la préfecture d'Ajaccio.
Devant l'affolement général, les bandits disparaissent
après avoir coupé les fils de la ligne téléphonique.
Le 02 septembre 1931, Caviglioli
s'offre à nouveau le luxe d'écrire au journal "L'Eveil de la
Corse" une longue lettre dans laquelle, il tente de
justifier l'affaire des bains en accusant le
propriétaire Michel Simongiovanni d'être la cause du
meurtre d'un innocent : "... je ne regrette pas ce
meurtre car j'étais en état de légitime défense ; ce que
je regrette, c'est d'avoir émotionné un tas de braves
gens qui n'étaient pour rien dans cette affaire...".
Largement commentée et amplifiée par les médias,
cette affaire va contraindre finalement le gouvernement à réagir.
De nombreux escadrons de gendarmerie, composés d'environs
600 gendarmes et de nombreux matériels d'artillerie
lourde débarquent en Corse pour commencer "l'épuration
du maquis".
Le 02 novembre 1931, François
Caviglioli et ses deux neveux, après avoir bu plusieurs
vers d'alcool au col Saint Antoine près de Vico, s'en
vont déjeuner dans une auberge de Balogna. Pendant que
Toussaint Caviglioli fait le guet devant la porte , il
aperçoit soudain des gendarmes. Aussitôt, les bandits
décident de tendre une embuscade à la voiture dans
laquelle se trouvent cinq gendarmes de la section de
Vico. Dans une lutte sanglante, Toussaint et
Jean-Baptiste ouvrent un feu nourri avec la mitraillette
et le fusil. Le maréchal des Logis Tomi, et le gendarme Klein sont tués.
le lieutenant Neuveglise est gravement touché. François Caviglioli qui est resté sur la route fait feu
aussi mais n'aperçoit pas le gendarme Chaze qui vient
d'arriver derrière lui. Atteint d'une décharge de fusil
mitrailleur, il tombe foudroyé. Dès lors, privés de leur
chef, Torre et Toussaint
Caviglioli, bien que blessés, prennent la fuite.
Un mois plus tard, traqués tous
les deux dans la montagne et n'ayant plus de secours,
Toussaint Caviglioli, sous la
pression de sa famille,
se constituera prisonnier à la gendarmerie de Vico le 01
décembre1931. Deux mois plus tard, le 10
février 1932, Jean-Baptiste Torre sera capturé sans
opposer de résistance, dans le village de Muna où il
s'était réfugié. Il sera condamné en 1933 à la
peine de mort et exécuté à Bastia le 13 avril 1934.
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La destruction du
bandit CAVIGLIOLI
Batia Journal du 5
novembre 1931 |
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