Issu d'une famille originaire de
Bocognano, François Morelli était devenu l'un des principaux
collaborateurs du comte Joseph Valery, créateur en 1840 de
la compagnie de navigation du même nom, l'une des
principales de la Méditerranée occidentale avec ses
vingt-cinq navires. De Marseille, son port d'attache, elle
desservait régulièrement la Corse l'Espagne l'Italie et
l'Algérie.
Mais préoccupé par les affaires de la
politique, Valery qui était conseiller général et
sénateur de la Corse laissa péricliter sa compagnie.
Lorsqu'il disparaît, le 26 mars 1879, il est à peine âgé de
53 ans.
Quatre années plus tard, le neuf mars 1883, Morelli constitue
sa propre compagnie insulaire de navigation à vapeur.
Au départ, elle dispose de 11 bateaux, obtient la concession
des lignes postales Marseille Corse Sardaigne et Livourne,
passe commande de deux autres bateaux, le Bocognano, livré
en 1884, et le ville de Bastia.
Les ports desservis sont au nombre de neufs : Marseille,
Nice, Bastia, Ajaccio, Livourne, Calvi, l'île rousse,
Propriano, Bonifacio.
Mais la concurrence se fait rude, notamment avec la Cie Fraissinet,
qui met en service une unité qui relie en quinze heures
Marseille à Bastia, et enlève à Morelli la concession du
service postal.
Pour sauver son entreprise, l'armateur Corse imagine alors
de tenter l'aventure américaine. Le gouvernement d'Haïti la
subventionne en 1885 pour qu'elle assure le service postal
avec quatre bateaux. En raison de problèmes de pavillon que
la lenteur des communications entre Paris et Port-au-Prince
ne facilite guère, Haïti traite avec une autre compagnie et
les bateaux de Morelli doivent regagner Le Havre après
plusieurs mois passés à l'ancre dans cette île lointaine. La
perte est considérable. Morelli est même contraint
d'emprunter pour payer les équipages, corses pour la
plupart.
Les conséquences de l'aventure
haïtienne et de la rude concurrence sur les lignes de Corse
ont mis ses finances à mal. Et puis tout comme Valéry, il
n'a pas su rester exclusivement un armateur attentif à la
marche de sa maison.
Le tribunal de commerce de Marseille
déclare en 1891 la compagnie en faillite.
Le quatre mai 1892, ses navires,
saisis, sont vendus aux enchères pour une somme dérisoire et
le 29 mai François Morelli décède.
Victime d'une insoutenable concurrence
la compagnie insulaire aura été la seconde et dernière
compagnie régionale de navigation.
(*)-Extrait de l'article paru
dans le supplément du vendredi de Corse Matin (Octobre ou
Novembre 2005). De M. Paul SILVANI. Historien.
L'EVENEMENT
(1862-1893)
Armement : Cie MORELLI
Chantiers de construction : Greenock –Ecosse
Caractéristiques : Longueur : 56,28 m – Largeur : 7,25 m –
jauge brute : 378 tx - Propulsion : 1 machine de 120 cv
Le paquebot-Poste L’EVENEMENT assurait
le service côtier entre Bastia-Bonifacio-Ajaccio par
Propriano. Il faisait partie des cinq navires qui seront
absorbés par la compagnie Fraissinet en 1892.
Ce samedi 21 janvier 1893 vers 4 heures du matin, après
avoir quitté Bastia la veille, avec quelques passagers à son
bord, le navire se retrouve sur une mer agitée en pénétrant
dans les bouches lorsqu’il heurte les récifs qui déchirent
son flanc, provoquant ainsi une importante voie d’eau.
Tous les passagers ainsi que l'équipage réussissent
cependant à rejoindre la terre ferme, d'abord sur l'île
Lavezzi puis à Cala-Longa tandis que le navire sombre
lentement.
VILLE DE BASTIA
Armement : Cie MORELLI
Devient propriété de la compagnie
FRAISSINET en 1892.
Le VILLE DE BASTIA est à Sète
lors de la libération du port de l'Herault. Après le
débarquement de Normandie, le navire est pris par les
Allemands qui évacuent l'équipage et préparent le navire
pour le sabordage, chargement de sable et mise en place des
explosifs puis le mouillent à l'entrée du port.
Le 19 août, le mouilleur de mines M 6063,
ex-paquebot français Cyrnos, le canonne mais
ne parvient pas à le couler. Les Allemands le mouillent
alors quai des Américains près du cargo Cens. Les
explosifs qui minaient les quai sautent coulant le Cens
mais avariant seulement Ville de Bastia. Le
commandant et le chef mécanicien profitent que les Allemands
sont occupés ailleurs pour gagner le navire à la nage et
parviennent à désamorcer les charges de sabordage. Les
Allemands revenus constatent que le navire n'a pas coulé.
Ils tentent de le faire en le mitraillant sous la
flottaison. Les deux officiers français, qui n'avaient pas
quittés le bord, obturent de l'intérieur les trous des
balles limitant les voies d'eau. Pressé d'évacuer la ville,
les Allemands l'abandonnent à son sort.
Ville de Bastia manquera
d'être coulé peu après au cours d'un raid de la RAF qui le
mitraille à son tour causant des avaries supplémentaires
mais ne le coulant pas.
Réparé et remis en service,
Ville de Bastia demeurera sous pavillon français
jusqu'en 1955.
LE
BOCOGNANO (1884 - 1938)
Armement : Cie MORELLI
Chantiers de construction : Rouen
Type de navire : Cargo
Racheté par la Compagnie FRAISSINET en
1892.
Vendu à l'Espagne en 1908 et rebaptisé MONTE TORO.
En 1938, il fait naufrage à la côte à Laja de Farallon de la
Isla Grosa (Espagne).