Le 14 Juin 1841, une loi substituait le port Marseillais à
son rival, le port de Toulon, comme principal port des services postaux de
la Corse ; Cette loi ne fut réellement appliquée qu’à la fin de 1842 à
l’expiration du bail de la Compagnie Gérard.
La nouvelle concession du courrier fut attribuée à la compagnie
bastiaise Valéry qui assurait un service de paquebots entre Marseille et Ajaccio
à raison de deux traversées par semaine depuis 1843.
Au départ de l’aventure il y a les frères Jean Mathieu et Joseph
VALERY, originaires de Poretta-Brando. En novembre 1840, ils
fondent à Bastia la compagnie qui porte leur nom et avec
l’un des premiers navires à vapeur, ils créent la
ligne Bastia-Livourne et constituent peu à peu une
flotte chargée du transport de voyageurs, des marchandises
et du courrier.
Le 28 avril 1844, un accord est conclu entre la Compagnie
Valery et la Société Benigni Frères, une entreprise
concurrente qui a vu le jour en 1843.
Devenue La société Joseph et frères Valery, la
compagnie exploite à présent cinq bateaux :
- LE TELEGRAPHE (1841-1851) - Construit à Nantes en
1841. longueur : 28 m ; largeur : 4.55 m ; jauge brute : 53
tx ; capacité : 326 passagers ; propulsion : par roues à
aubes ; puissance de 50 cv.
- LE GOLO (1842-1844) - Construit pour le compte de
la Compagnie GERARD en 1830 et racheté à
l'armateur toulonnais en 1842. Coque en bois, longueur :33 m
; largeur : 5.10 m ; puissance 50 cv ; vitesse : 6 noeuds.
- L’AMBASSADEUR POZZO DI BORGO (1843-1851).
- LE LETIZIA (1843-1865) - Construit à Nantes en 1843 ;
jauge brute : 100 tx ; capacité : 453 passagers ; propulsion : par roues à aubes ;
puissance : 60 cv.
- LE MARECHAL SEBASTIANI (1843-1865) - Construit à
Nantes en 1843 ; jauge brute :31 tx ; puissance 30 cv ; capacité : 186 passagers.
En 1846,en raison de leur vétusté, les chaudières du
Maréchal Sebastiani explosent et deux mécaniciens sont tués.
- LE COMMERCE DE BASTIA (1845-1876) - Construit à
Nantes en 1845 ; jauge brute : 175 tx ; propulsion : machine
à roue ; puissance : 90 cv ; vitesse : 7 noeuds.
- LE COMTE DE PARIS (1847-1872) - A la Révolution de
1848 le navire est renommé LE COURRIER DE BASTIA, alias LE
COURRIER DE LA CORSE - Construit ax chantiers Benet à la Ciotat
; longueur : 43,12 m ; largeur : 6,29 m ; jauge brute : 235 tx.
Le 19 octobre 1847, il aborde et coule le Bonaparte.
- LE PETIT MOUSSE : 62 tonneaux ; 45 cv.
Ces navires qui exploitent au départ la
ligne Bastia-Livourne, desservent par la suite les ports de
Marseille puis d'Ajaccio (1er août 1843). En juillet 1852 un
service hebdomadaire est créé entre Ajaccio et Porto Torres
en Sardaigne.
C'est à cette époque que le système des
"3 classes" est inauguré.
- En 1847, LE BONAPARTE,
premier navire à hélice, viendra rejoindre
la flotte de la compagnie Valery marquant ainsi un net
progrès par rapport aux navires à roue à aubes.
Après la mort de
Jean Mathieu en 1854, son fils s’associe avec son oncle
Joseph. En 1856, la flotte s’est élargie avec de nouveaux
navires :
- L’AJACCIO (1850-1863) - Construit à Bordeaux
par les services postaux de l'Etat et acquis par la
compagnie Valery en 1850. longueur : 45,71 m ;
largeur : 7,45 m ; jauge brute : 340 tx ; propulsion à roues
; puissance : 120 cv ; vitesse : 8 noeuds.
- LE BASTIA (1843-1872) - Construit à Bordeaux et
acquis par la compagnie Valery en 1850 ;
longueur : 45,71 m ; largeur : 7,45 m ; jauge brute : 340 tx
; puissance : 120 cv ; vitesse : 8 noeuds.
- LE PROGRES (1850-1868) - Construit à la Ciotat
au chantiers Benet ; longueur : 49,85 m ; largeur : 6,44 m ; jauge brute : 280 tx
; propulsion à, roues ; puissance : 120 cv ; vitesse : 8 noeuds.
Le 12 novembre 1868, il sombre près du golfe de l'Asinara en Sardaigne.
- L'INSULAIRE (1855-1875) - Chantier de construction :
Dunkerque ; longueur : 37 m ; largeur : 8.86 m ; jauge brute
: 392 tx ; propulsion : roues à aubes ; puissance : 160 cv.
- L'IMPERATRICE EUGENIE (1859-1882) . De 1871 à 1882
le navire est rebaptisé LE PAUL RIQUET.
Construit à Glasgow en 1956 ; Longueur : 52.75 m ; largeur :
6.10 m ; jauge brute : 295 tx ; puissance : 60 cv.
Le 11 septembre 1889, il fait naufrage à Port-Vendres.
- LE PRINCE PIERRE BONAPARTE (1861-1869) - Construit aux
chantiers de Greenock en Ecosse ; longueur : 41,20 m ;
largeur : 6,75 m ;j auge brute : 210 tx. ; puissance : 120 cv.
Le 17 février 1869, il es coulé au large de Toulon par
l'aviso LATOUCHE-TREVILLE.
- L'IMMACULEE CONCEPTION (1872-1881) - Construit chez Scott & Cie à
Greenock en Ecosse. Longueur : 75 m ; largeur : 9,10m ;
jauge brute : 1079 tx ; puissance : 1050cv ; vitesse : 13 noeuds.
Le 10 juin 1884, il se perd par échouage à quelques
encablures de Bones en Algérie.
Après son frère Jean-Mathieu, décédé en 1854,
Joseph Valery, cofondateur de la société, meurt en 1861. Son
neveu Joseph assume alors la totalité de la gestion.
En 1862, l’État concède à la compagnie Valery
le service maritime Nice-Corse.
Mais l’arrivée de la
compagnie Fraissinet et les catastrophes
successives vont mettre fin à 18 ans d’hégémonie. Entre 1881
et 1896, ce ne sont pas moins de 6 navires qui ont sombré en
Méditerranée, entre la Corse et le continent :
L'Ambassadeur Pozzo Di Borgo (1851), La Louise
(23 février 1860), Le général Abbatucci (07
mai 1869) dont le trésor relevé en 1996 a fait l'objet d'une
vente prestigieuse à Londres chez Christies, Le
Roi Jerôme (05 janvier 1892), Le Jean Mathieu
(12 février 1892), L'Évènement (21 janvier 1893).
La collision du Prince Pierre Bonaparte le 17
février 1869, la guerre de 1870, des négociations difficiles
avec l'État, finiront par conduire cette compagnie à sa perte.
En 1873, la compagnie Valery perd le marché du service postal de
Corse qui passe à la Compagnie marseillaise FRAISSINET.
Cinq ans plus tard, elle perdait aussi la
concession du service postal des lignes d’Algérie et Tunisie au bénéfice de la
COMPAGNIE GENERALE TRANSATLANTIQUE qui lui
rachètera presque toute sa flotte en 1880, après la mort de
Joseph Valery survenue à Florence en 1879.
Durant leur présence sur les lignes de Corse pendant 18 ans
et jusqu'à la liquidation de la compagnie en quasi monopole
jusqu'en 1883, quarante-six navires auront navigué
sous le pavillon de la compagnie Valéry.
L'AMBASSADEUR POZZO DI BORGO (1843-1851)
Ce navire à été construit à Nantes en 1843.
Il pouvait transporter 168 passagers.
L'Ambassadeur Pozzo di Borgo jaugeant 28 tonneaux et doté d'une machine à
vapeur d'une puissance de 28 CV a fait naufrage au large de Campomoro en 1851.
Le lieu du naufrage se situe à environ un kilomètre de la
pointe di U Scalonu, derrière la tour de Campomoro.
Il semble que le navire, renfloué, ait navigué encore
quelques temps avant d'être démoli en 1865.
LE BONAPARTE (Janvier 1845- 9 Octobre 1847)
Armement : Compagnieie VALERY
Chantier de construction Benet à La Ciotat ; jauge brute
:175 tx ; propulsion : 1er navire à hélice construit en
Méditerranée ; puissance : 100 cv.
Dès 1847, la compagnie Valéry, jusque
là propriétaire de bateaux à roues à aubes, fait construire
aux chantiers de La Ciotat Le BONAPARTE, premier bâtiment
français à hélice en Méditerranée.
Le Bonaparte, lancé le 17 janvier 1847, desservait les lignes Marseille-Bastia-Livourne.
Malheureusement, le 19 octobre 1847, après avoir quitté le
le port de Bastia à 22 heures, à destination de Livourne,
avec à son bord 18 hommes d'équipage et 28 passagers, il coule dans la nuit après
avoir été abordé par le Comte de Paris, navire à aubes de la même
compagnie qui faisait route vers Bastia.
Trois passagers périssent dans le naufrage du Bonaparte.
(*) Il a fallu attendre 2014 et l’aide des équipements très
performants du navire Octopus pour mieux
appréhender l’épave d’un petit vapeur de 37 mètres de
long découvert en 2013 par 400 mètres de fond à environ
10 milles au sud-ouest de l'Île de Capraia sur le flanc Est du littoral corse.
Plusieurs objets avaient auparavant été récupérés par le Drassm, à savoir une
cuvette de toilette, un fragment de plat en porcelaine et une lanterne
en laiton et verre marquée "A Santi, opticien Marseille".
Source :
https://archeologie.culture.fr/archeo-sous-marine/fr/bonaparte-1847-corse.
L'AJACCIO (1850-1863)
Armement : Services postaux de l'Etat.
Acquis par la Compagnie VALERY en 1850.
Chantiers de construction : Bordeaux en 1843.
Longueur : 45,71 m ; largeur : 7,45 m ; jauge brute : 340 tx.
Propulsion : A roues ; puissance : 120 cv ; vitesse : 8 noeuds.
L'INDUSTRIE (1851-1880)
Armement : Cie VALERY
Chantier de construction Benet à La Ciotat.
Longueur : 49,85 m ; largeur : 6,44 m ; jauge brute : 280 tx.
Propulsion : Vapeur, à aube ; puissance : 120 cv ; vitesse : 8 noeuds.
Au petit matin du 15 décembre 1851, le paquebot de
propulsion mixte l’Industrie se prépare à lever
l’ancre dans le bassin de la Joliette à Marseille.
Composé de 22 membres d'équipage, le
vapeur récemment sorti des chantiers navals de La Ciotat
s’apprête à effectuer sa liaison habituelle vers Bastia
et Livourne. À sept heures, alors que la machine est en
chauffe, le capitaine du navire, Érasme Santi, doit
momentanément quitter le bord pour aller en ville
remplir les obligations imposées par le cahier des
charges de la concession postale que sa compagnie
détient pour le service de la Corse depuis l’année
précédente. Ordre est donné au mécanicien, dont nous ne
connaissons pas l’identité, « de ne faire monter la
vapeur qu’à neuf heures ». Ses affaires réglées, le
capitaine est de retour vers son paquebot sur une
chaloupe et aperçoit du milieu du port de la fumée
sortir du milieu du navire. Il redoute l’incendie mais
apprend, arrivé à bord, que « la chaudière a éclaté dans
la partie arrière du coffre ». Le bilan est lourd : plus
d’une douzaine de personnes ont été gravement atteintes
par des projections de vapeur et d’eau bouillante.
Les navires de la compagnie Valery sont régulièrement
surchargés. Le 1er mai 1855, malgré la commission de
contrôle qui fixe le nombre de passagers en fonction du
tonnage du navire, 775 passagers débarquent sur le port de
Livourne, soit bien plus de passagers que la moyenne autorisée.
LE JEAN MATHIEU (1851-1892)
Armement : Cie VALERY
Année de construction : 1851 – Année de mise en service :
1855 - Chantier de construction : Malo et Cie – Dunkerque -
Longueur : 52,50 m – Largeur : 7,54 m - Jauge brute : 418 tx
- Propulsion : Voile/Vapeur à hélice – Puissance : 120 cv – Vitesse : 9 nœuds.
Le 12 février 1892, sous le pavillon de la Compagnie MORELLI,
il faut naufrage à quelques encablures de la Girolata lors
d'un voyage Bastia-Nice.
Le JEAN MATHIEU était un cargo mixte voile/vapeur
qui avait la particularité d’être l’un des premiers bateaux à hélice
ralliant la Corse. Il a été construit en 1851 par les chantiers Malo et Cie,
constructeurs de navires à Dunkerque; mais il n’est entré au
service de la compagnie Valéry frères et fils, armateurs à
Marseille, qu’en 1855. Il a été nommé Jean Mathieu en
mémoire de l’un des deux frères, Jean Mathieu Valéry, décédé
le 17 avril 1854.
D’une longueur de 52.5 mètres pour une largeur de 7.5 mètres
et un tirant d’eau de 4 mètres, il jaugeait 405 tonnes. Sa
machine à vapeur développait une puissance de 120 cv et
propulsait le navire à 9 nœuds grâce à un équipement
révolutionnaire à l’époque : une hélice. Le navire était
aussi équipé d’un gréement composé de deux mâts, bien que
son dernier acte de francisation du 2 décembre 1889 indique,
raturé et corrigé, qu’il possède trois mâts (peut-être des
modifications ou aménagements ont-ils été apportés lors de
la cession du navire à la compagnie marseillaise Morelli, en
1883…).
Le bateau partit de Dunkerque dans le
mois de février pour son voyage inaugural et arriva à
Marseille le 13 mars, après avoir subi une suite de tempêtes
et avoir été contraint de relâcher à Gibraltar. Il fut par
la suite exploité sur la ligne Bastia/Nice.
Le 12 février 1892, sous le Pavillon de la Cie Morelli, le
Jean Mathieu fait naufrage à quelques encablures de la
Girolata, face à la pointe Punta Rossa, à la limite de la
zone qui allait devenir la réserve de Scandola. Il venait de
partir d''Ajaccio avec un chargement de bois à destination de
Marseille. Il se trouvait en face du golfe de Porto quand
une voie d’eau se déclara. Le capitaine du navire en
difficulté, ne parvenant pas à étancher la voie d’eau, amena
son bateau au plus près de la côte, de façon à faciliter
l’évacuation de l’équipage, avant que le Jean Mathieu
disparaisse sous les eaux. L’équipage au complet put
regagner le rivage dans les canots de sauvetage, sain et
sauf.
(*) Les restes de cette épave sont imposants et répandus sur un
périmètre assez important autour du Secteur de Punta Rossa, par
28 mètres de fond, aux coordonnées suivantes : latitude 42°
19’ 9 N et longitude 08° 33’ 2 E. La chaudière est encore
visible au milieu de la coque, dont l’arbre d’hélice et son
hélice sont toujours en place. L’épave est habitée par une
faune très importante, du fait de la proximité de la réserve de Scandola.
Source :
https://www.plongee-infos.com/chaque-jour-une-epave-12-fevrier-1892-le-jean-mathieuen-corse/
LA LOUISE (1855-1860)
Armement : Cie VALERY
Chantier de construction : Scott Shipbuilding et Engenering – Greenock – GB.
Longueur : 55,70 m ; Largeur : 6,75 m ; jauge brute : 265 tx
; Propulsion : Voile/Vapeur.
Puissance : 120 cv – Vitesse : 8 nœuds.
Le 23 février 1860, il sombre à l'entrée du port de Bastia.
Le navire La LOUISE était l’un des fleurons de la flotte de
la compagnie corse Valery Frères & Fils. C’était un navire à
vapeur et à voiles de 55 mètres de long sur 7 mètres de
large pour 5 mètres de tirant d’eau. Sa machine de 120 cv
lui permettait d’atteindre la vitesse de 8 noeuds mais il
jouissait en plus d’un gréement de trois mâts.
En 1831, alors que la navigation à vapeur balbutiait à
peine, le vieux port de Bastia accueillait 28 navires
jaugeant 382 tonneaux. En 1845, le projet d’un nouveau port
dans l’anse Saint-Nicolas recevait un début de financement,
le trafic marchand allait doubler avec 59 navires dont cinq
à vapeur battant pavillon de la compagnie Valery, née en
Corse et assurant les rotations aussi bien avec Marseille
qu’avec Livourne. Bastia connut ainsi une
expansion sans précédent, où le transport maritime réactiva
l’agriculture et favorisa l’industrie.
Convaincu de l’importance croissante de la ville, le
gouvernement de Louis-Philippe se proposa d’y développer un
port moderne répondant aux nouvelles normes. Mais aucun port
ne peut se vanter d’être sûr à 100%… C’est dans ce contexte
que la Louise assura la ligne Livourne/Bastia, dés sa mise
en service en 1855 jusqu’au 23 février 1860.
Tout commença le mercredi 22 février 1860.
Le vapeur Louise, de la société française Valéry Frères et Fils
a appareillé du port de Livourne en Italie, pointant directement vers le
port de Bastia en Corse. À bord, il y avait environ 80 personnes, y compris
l’équipage. Parmi eux se trouvaient des ouvriers, des gens
ordinaires et toute la compagnie de théâtre Gagliardi. Le
fondateur, Luigi Gagliardi est né à Venise en 1819 ; il
était le fils de deux humoristes modestes mais populaires de
l’époque. Luigi et sa compagnie avaient une vie pleine de
difficultés et de vicissitudes, échappant à un premier
naufrage en 1841, se retrouvant en prison en 1849 pour avoir
présenté à son public une pièce interdite par la censure,
subissant l’incendie de son théâtre en 1855… Gagliardi
chercha de nouvelles possibilités et, à la fin de l’hiver
1860, il embarqua, avec toute sa troupe vers la Corse dans
l’espoir de rencontrer sur l’Île de Beauté le succès qu’il
espérait depuis si longtemps.
Avec sa compagnie qui comprenait sa femme accompagnée de
leurs deux fils, un beau-frère avec sa famille et divers
autres artistes salariés, Luigi a dépensé le peu d’argent
qui lui restait dans des billets pour embarquer à Livourne
pour la Corse sur le paquebot Louise. Cette fois, le malheur
de Gagliardi aboutit à un drame terrible.
Dans la nuit du 22
au 23 février 1860, alors que la Louise effectuait sa
traversée, une terrible tempête s’abattit sur la mer
Méditerranée devant la Corse. Le vent soufflait, la tempête
se déchaînait, la mer battait sur la côte. Il était minuit
et demi, la Louise, malmenée par les éléments, manqua
l’entrée du port, manoeuvra et réapparut une seconde fois
devant le chenal. Ce fut le drame.
Un fort coup de vent poussa le navire vers le banc de
rochers qui s’élevait entre le port et le phare. Le choc fut
si terrible que la Louise, coincée dans la vieille jetée se
brisa et l’eau l’envahit. Tout le monde paniqua. Seul le
chef mécanicien Cambiaggi fit preuve d’un courage
exceptionnel en se lançant dans la salle des machines
abandonnée par les chauffeurs et réussit, alors que l’eau
montait rapidement, à purger les soupapes de sécurité et à
éviter l’explosion de la chaudière au contact de l’eau
froide. La plupart des passagers sautèrent dans l’eau. La
scène qui suivit fut dramatique. Bien que les secours
commençaient à s’organiser dans le port, l’état de la mer en
furie rendait toute approche des lieux du naufrage
extrêmement périlleuse.
Quelques-uns parvinrent à atteindre la jetée. Les plus
nombreux, précipités contre les rochers, furent avalés par
la mer. Sur la jetée, le commissaire de police fit allumer
de grands feux. Même le maire et toutes les autorités
étaient là. Moins de deux heures après le début du drame,
seul le mât du navire émergeait encore, sur lequel cinq
passagers avaient trouvé refuge. Après des efforts
désespérés, trois capitaines du port parvinrent à les
sauver, mais 44 personnes (50 selon les sources) avaient
perdu la vie.
On rapporte plusieurs épisodes douloureux de ce triste
drame. Huit personnes qui avaient réussi à embarquer dans un
canot furent également jetées contre les rochers et
englouties. Une jeune femme dont le mari venait de périr
était dans l’eau, tenant son enfant serré contre elle. Elle
parvint à le lancer à quelques hommes qui se penchaient vers
elle depuis la jetée. Les hommes récupérèrent l’enfant
tandis que la mère était entraînée par les flots et
disparaissait de la surface.
En cette fin de nuit, parmi les 44 (ou 50 ?) passagers
manquants, 28 étaient les artistes de la troupe de théâtre
de Luigi Gagliardi qui devait se produire le lendemain à
Bastia. Sur la troupe, seuls Luigi le directeur et l’un de
ses fils ont été sauvés. Luigi, très bon nageur, avait
essayé désespérément mais sans succès d’amener ses enfants
en sécurité. Il s’était retrouvé épuisé à terre avec un seul
d’entre eux. Le lendemain, continuant à plonger à la
recherche des siens, il réussit à récupérer le corps de sa
femme. Parmi les rescapés, il y avait aussi le représentant
de la compagnie de navigation, six marins ainsi qu’un
employé du journal Le Courrier de Marseille qui publia par
la suite un récit détaillé du naufrage dans les pages du
journal. Le jour suivant, les cercueils contenant quelques
corps récupérés dans la mer ont été déposés dans l’église
où, les jours suivants les funérailles ont eu lieu en
présence des autorités.
Dans son ouvrage « Souvenirs d’un homme de lettres » en 1889,
l’écrivain français Alphonse Daudet a évoqué brièvement le
drame de la Louise : « …je me rappelais qu’il y a dix ans
(sic), par une nuit semblable, j’étais sur la terrasse d’une
hôtellerie de Bastia à écouter une canonnade funèbre que la
haute mer nous envoyait ainsi, comme un cri perdu d’agonie
et de colère. Cela dura toute la nuit ; puis, au matin, on
trouvait sur la plage, dans une mêlée de mâts rompus et de
voiles, des souliers à bouffettes claires, une batte
d’arlequin et des tas de haillons pailletés d’or,
enrubannés, tout ruisselants d’eau de mer, barbouillés de
sang et de vase. C’était, comme je l’appris plus tard, ce
qui restait du naufrage de la Louise, grand paquebot venant
de Livourne à Bastia, avec une troupe de mimes italiens. »
(*) Les restes de la Louise dorment toujours près de l’entrée du
port de Bastia, par 18 mètres de fond, à la latitude 42° 41’
50 N et la longitude 09° 27’ 25 E. L’épave n’a pas résisté
au temps et à la fureur des éléments. Les membrures et le
fond de la coque s’élèvent encore au-dessus d’un fond
sableux parsemé de posidonies. La proue est également
reconnaissable, ainsi qu’une ancre. Si l’épave est fortement
dégradée, il n’en reste pas moins que le site suscite encore
une forte émotion à l’évocation du drame qui s’est déroulé
là, par une nuit de tempête, sous les yeux horrifiés des
habitants impuissants.
Source :https://www.plongee-infos.com/chaque-jour-une-epave-23-fevrier-1860-le-drame-de-lalouise-a-bastia/
LE GENERAL ABBATUCCI (1857-1869)
Armement : Cie VALERY
Chantier de construction : Greenock – Ecosse
Longueur : 57.30 m - Largeur : 7.40 m – Jauges brute : 470 tx.
Propulsion : 1 moteur anglais – puissance : 120 cv.
Le 07 mai 1869 vers 2 heures du matin, le Général Abbatucci,
parti la veille de Marseille pour Civitavecchia est abordé
par le voilier norvégien Edouard Hwidt à 25
milles de Calvi ; il s'agit d'un brick de commerce qui
navigue de Gênes à Constantinople tous feux éteints et qui
prend la fuite aussitôt.
Les survivants seront secourus 6 heures plus tard par un
trois mats, norvégien lui aussi.
Sur les 78 passagers et les 26 hommes d'équipage, la
catastrophe a fait 49 victimes.
Le 19 mai 1996, l’épave a été localisée par La Blue Water
recoveries LTD. Cette découverte a permis de remonter une
partie des objets, un véritable trésor qui a fait l’objet
d’une vente chez Christies à Londres le 7 Octobre 1997.
LE ROI JÉRÔME (1861-1892)
Rebaptisé COMTE JOSEPH VALERY (1877 à 1881).
Armement : Cie VALERY.
Chantier de construction : Scott et Co - Greenock – Écosse.
Caractéristiques : Longueur : 61,90 m ; Largeur : 8,85 m ; Jauge brute : 607 tx.
; Propulsion : Voile/Vapeur ; Puissance : 150 cv.
Le trois mâts à vapeur ROI JÉRÔME a été construit en 1861 à
Greenock en Écosse, pour la compagnie Valéry Frères & Fils,
de Marseille. Il devient en 1877 le Comte Joseph
Valery, en l’honneur du cofondateur de la compagnie
décédé en 1861.
Le 04 janvier 1890 dans l’après-midi, il quitte Bastia pour
Marseille. Près de l’île de la Giraglia l’arbre d’hélice du
navire se rompt. Le capitaine décide de continuer avec les
voiles en se déroutant vers Barcaggio pour trouver un
amarrage sûr à La Giraglia et pouvoir réparer l’avarie en
toute sécurité mais un fort vent d’ouest dévie le navire de
sa trajectoire qui heurte un récif à l’entrée de la
baie de Barcaggio.
Il fait naufrage le 5 Janvier 1892 par un
échouage au large de la tour d’Agnello.
L’évacuation des passagers et de l’équipage se déroule dans
le calme tandis que le Comte Joseph Valéry commence à couler
progressivement et finit par disparaître de la surface.
On déplore la mort d’un seul passager. Au cours de son
embarquement dans une chaloupe, il est tombé entre la coque
du paquebot et le canot de sauvetage qui l’a écrasé.
(*) L’épave se trouve encore aujourd’hui
dans quelques mètres d’eau, soumise aux vagues et aux
tempêtes qui ont dispersé les morceaux du bateau sur une
grande surface. Un nombre impressionnant de morceaux de
métal, de tubes et de plaques, ainsi qu’une partie de la
proue sont encore visibles.
Source :b> https://www.plongee-infos.com/chaque-jour-une-epave-5-janvier-1892-le-comte-josephvalery/
Après La Louise devant Bastia et Le Jean-Mathieu à Girolata,
le Comte Joseph Valery est le troisième navire de la
compagnie Valery à faire naufrage.
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