LA MARINE MARCHANDE EN CORSE

I BATELLI DI A CORSICA

 

Vous pouvez écouter sur cette page un extrait de la chanson "Un batellu chi passa" interprétée par Antoine CIOSI

 

Dans les années soixante, lorsque j’étais enfant, j'habitais avec mes parents dans la rue Roi de Rome, tout près de la place du Diamant, au dessus des établissements Catanéo.

Mon plaisir était de descendre sur le port regarder partir et revenir les bateaux qui déversaient sur les quais des tonnes de marchandises ; mais le véritable spectacle était celui du chargement et du déchargement des automobiles que des palans soulevaient du sol pour les faire disparaître dans le ventre du  navire sous le regard inquiet de leurs propriétaires.

Comme beaucoup de jeunes de ma génération, je me souviens de ces grands navires à coque noire venus du large qui accostaient lentement au quai L’Herminier et qui avaient pour nom Cyrnos, Sampiero Corso, Commandant Quéré, Comté de Nice… toute une époque aujourd’hui révolue.

Je me souviens de ma première traversée avec mon père sur l’un de ces navires au confort très rudimentaire lorsque les traversées de jour n’existaient pas encore et que la nuit, les passagers "aisés" dormaient dans des cabines à même des banquettes fixes recouvertes de skaï de couleur vert bouteille, tandis que ceux de quatrième classe dormaient sur le pont, sur des chaises longues en toile, enroulés dans d'épaisses couvertures fournies  par la compagnie.

 

En regardant ces grands bateaux venus du large, je ne peux m'empêcher de penser au nombre incalculable des naufrages survenus dans toutes les mers du globe, depuis que l'homme s'est aventuré sur la surface des océans qui couvrent les trois quarts de la surface de notre terre. Combien d'êtres humains ont péri dans les flots à la suite de tant de catastrophes maritimes !. C'est effrayant quand j'y songe. Rien que sur les côtes de la France, dans une période de quinze années, de 1865 à 1880, une statistique officielle a relevé 1346 naufrages, ayant entraîné la mort de 949 personnes.

Les 1346 navires perdus sur nos côtes se décomposaient ainsi : 99 vapeurs ; 102 trois-mâts ; 71 bricks ; 78 bricks-goélettes ; 125 goélettes ; 152 cotres et sloops ; 99 lougres ; 38 chasse-marées ; 582 tartanes, chaloupes ou bateaux divers.

Les équipages de ces 1346 navires comprenaient 8346 marins ; il y eut donc 7397 sauvés et 949 noyés.

De cette statistique, il ressort qu'il y a eu  au cours de cette période de quinze années, pas moins de 122 naufrages sur les côtes de la méditerranée et 46 naufrages sur les côtes de Corse. La compagnie Valery a été l'une des compagnies les plus touchées par ces drames entre 1840 et 1883.

 

 

Rien que sur la côte est du Cap-Corse, il y aurait une trentaine d'épaves connue, datées de l'Antiquité à nos jours. Quatre d'entre elles ont été étudiées dans le cadre de la mission de la DRASSM (Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines). Trois d'entre elles, nommées Macinaggio 1, Capo Sagro 1 et Capo Sagro 2, correspondent à trois navires romains, et sont datées du premier siècle avant Jésus Christ au IVe siècle.

À ces épaves, s'ajoute un autre bateau qui est bien plus récent : Le Bonaparte. Ce navire de passagers construit en 1847 a coulé le 19 d octobre de la même année à la suite d'une collision sur le trajet Bastia-Livourne...

 

 


 

 

Chargement d'une automobile sur l'un des paquebots à coque noire de la Cie Générale Transatlantique,,

Le SAMPIERO CORSO, dans les années 1960.

 

A partir de 1908, la Compagnie Fraissinet utilise pour l'embarquement des automobiles, des cadres de fer avec lesquels il était possible de soulever des poids maxima de 1800 kg. La Compagnie proposait, moyennant supplément, des assurances et des bâches de protection pour les véhicules.

 

(*) Dans une correspondance émanant du Directeur Général des Postes datée du 5/9/1825, adressée au Préfet de la Corse, nous avons une indication sur la durée de la traversée avec les bateaux à voiles de l'époque :

Six, sept jours par temps ordinaire, douze, quinze ou vingt jours et même plus lorsque les vents sont contraires.... La durée de la traversée passe de 10 jours en 1815 à 6 jours en 1838. Celle-ci pour les trois principaux ports de Corse est de l'ordre de : 14,5 jours pour Bastia/Marseille, 8,5 jours pour Ajaccio/Marseille, 8,0 jours pour lIe-Rousse/Marseille.

De 1815 à 1830 les échanges entre la Corse et le Continent sont ceux d'un pays évolué économiquement et un pays sous développé. La Corse exporte des produits agricoles et des matières premières, elle importe des produits industriels ou de consommation et surtout des produits alimentaires. Les passagers tiennent un rôle secondaire. Certains Corses ont trouvé un excellent moyen de se rendre sur le Continent à moindres frais, ils se font engager comme marins et cela est d'autant plus facile que les équipages de voiliers ne sont jamais fixes et sont libérés à chaque arrivée..

Le nombre de passagers sur ces bateaux est en moyenne de 4 à 5 par traversée.

En 1830, le nombre de voiliers enregistrés à leu arrivée à Marseille en provenance de Corse est de 49. Ces voiliers sont de type Mistick, Bombarde, Goelette, Tartane, Chebeck, Balancelle, Brig, Pinque, Cutter.

 

Dès 1825, un premier projet d'établissement de lignes régulières entre Toulon et la Corse avec des bâtiments à vapeur..

Le trajet se fera en trente six heures au plus d'une manière régulière et sans avoir égard à l'état de la mer. Ce projet restera sans suite.

Le deuxième projet d'établissement de services maritimes entre la Corse et le Continent avec des bateaux à vapeur date de 1828. Ce projet encouragé par les pouvoirs publics n'aboutira pas non plus.

Le mérite d'un premier service régulier entre la France Continentale et la Corse avec des bateaux à vapeur reviendra à la Compagnie Toulonnaise GERARD et Fils en 1830.

 

(*) Corsica Marittima - Charles Finidori

 

 
 
 

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Dernière mise à jour pour cette page : 9 juillet 2024