Non
loin du hameau de Bonicardo, tout en bas de Valpianu,
vivait un monstrueux dragon que les fées avaient chassé
de la montagne de Muteri. Ceux qui avaient pu
l'apercevoir et qui s'étaient enfuis juste à temps,
avaient vu la bête immonde aux pattes acérées, cracher
des flammes par la gueule en agitant ses énormes ailes
et en balayant le sol de sa longue queue.
Personne n'osait s'aventurer dans
ce lieu maudit.
Un jour, un homme venu on ne sait d'où,
se proposa de combattre le dragon si on lui donnait en échange
un morceau de terre à cultiver. Les habitants
acceptèrent la proposition du courageux jeune homme qui
se nommait Padrone.
Personne dans le canton, ne sut
comment se déroula le combat et tous étaient persuadés
que jamais on ne reverrait Padrone vivant.
Sous les châtaigniers la bataille
faisait rage ; on entendait des bruits infernaux : le souffle puissant du
dragon qui crachait ses flammes, les
branches qui craquaient et le sol qui tremblait.
Après de longues et
interminables heures, le silence revint.
Craintivement quelques villageois
se dirigèrent vers le lieu du combat et virent le dragon
étendu à terre et à ses côtés Padrone, tout ensanglanté mais vivant. Il fut porté en
triomphe et durant trois jours le village fêta cette
victoire.
Les fées voulurent récompenser le
courage du jeune homme et lui promirent que ses récoltes
seraient toujours abondantes, qu'il vivrait heureux et
riche à la seule condition que jamais il ne chercha à
savoir où était leur demeure. Puis elles disparurent.
Hélas, Padrone se rendit compte
qu'il était tombé amoureux de l'une des fées. Un jour,
alors qu'il emmenait son troupeau dans la campagne, il
rencontra une strega qui lui proposa de le conduire à la
demeure des fées. Quand il arriva enfin au bout d'une
journée de marche, devant une grotte profonde, la
sorcière disparut.
Padrone s'avançât lentement
et très ému, vers la grotte, lorsque soudain une lueur
aveuglante en sortit et le pétrifia sur place avec son
troupeau. |