LA
BELLE AUX TROIS ORANGES
Voici une histoire que l'on racontait aux enfants le
soir à la veillée.
Ghjera una volta un rè qu'avea un figliolu. Ma ssu
figliolu jera sempre tristu, un ridia mai. Un c'era
nund'à a fà, nunda pudea fa ride stu giòvanu. U so'
babbù pruvava tuttu ciò qu'ellu pudea. Ancu tutti i
duttori dicèanu, s'ellu si lascia andà cusì sempre à ssa
tristezza, allo' ch'à fine a da fini per more...
Dans une
lointaine contrée, il y avait un roi qui avait un fils.
Mais ce fils était toujours triste, il ne riait jamais.
Il n'y avait rien à faire et rien ne puvait faire
sourire ce jeune homme. Son père essayait tout ce qu'il
pouvait. Même tous les médecins disaient que s'il
continuait à se laisser aller à cette tristesse, à la
fin il finira par en mourir.
Un jour le roi, pour lui remonter le moral, eut l'idée
de faire construire une fontaine sous la fenêtre de la
chambre de son fils, espérant qu'avec tous les gens qui
y viendront puiser de l'eau et bavarderont, quelqu'un
dira ou racontera quelque chose de drôle qui fera rire
son enfant.
Le roi fit donc installer cette fontaine et tous ses
sujet y allaient prendre de l'eau, tout contants qu'ils
étaient de ne plus avoir besoin de se rendre à la
rivière qui était si loin.
Mais rien n'y faisait ! le jeune homme regardait par la
fenêtre tous ces gens qui se bousculaient et bavardaient
joyeusement devant la fontaite. Il demeurait aussi
triste qu'avant.
Tout cela n'a servi à rien, pensait tristement le roi.
Quelqu'un lui conseilla que de la fontaine, au lieu de
l'eau, coule du vin à volonté et gratuitement.
Les hommes viendront et boiront jusqu'à se soûler. Vous
savez, Sir, que les hommes qui s'enivrent font rire.
Sûrs que lorsqu'il verra le spectacle des gens qui
s'enivrent le prince verra quelque chose qui lui fera
drôle.
Essayons, dit le roi.
Et il en fut ainsi. Comment il réussit un tel prodige,
nous ne le savons pas !
Mais cela ne fonctionnait pas non plus.
On suggère alors que de la fontaine émane de l'huile au
lieu du vin.
Pourquoi pas, se dit le roi.
... Et les vieilles femmes s'en vont à la fontaine avec
leurs cruches. Un jour, une de ces vieilles femmes,
glisse en revenant de la fontaine et sa cruche se casse.
Le prince, la voyant allongée sur le sol, les jambes en
l'air, éclate de rire et la vieille femme le maudit avec
colère et lui prédit qu'il ne trouvera pas la paix tant
qu'il n'aura pas trouvé la Beauté des trois oranges. Le
prince redevient si triste que cette fois il tombe
malade.
Lorsque son père lui demande ce qu'il peut faire pour
l'aider à guérir, le prince lui demande de retrouver la
vieille femme pour qu'elle lui dise comment il peut
trouver la Beauté des trois oranges.
Les soldats emmènent au palais la vieille femme qui a
peur qu'on l'exécute.
Le prince lui demande de lui dire comment trouver la
Beauté des trois oranges. La vieille femme lui dit
comment et lui donne trois objets dont il aura besoin
dans sa quête : une pelle à four, deux miches de pain et
une bouteille d'huile.
En suivant le chemin indiqué par la vieille femme, le
prince rencontre deux vieilles femmes qui balayent et
attisent les flammes d'un four avec leurs propres
cheveux, à qui il remet la pelle à four.
Plus loin, le prince rencontre deux chiens affamés qui
veulent bondir sur lui, et à qui il donne à manger les
deux pains.
Plus tard, il arrive devant une porte dont la serrure
est rouillée. Le prince la graisse, dépensant toute
l'huile de la bouteille.
Dans le château du sorcier, il trouve la Belle aux trois
oranges, qui lui demande de prendre trois oranges.
Lorsque le magicien se rend compte que la Belle aux
trois oranges s'est échappée, il se précipite à sa
recherche. Il demande à la porte, aux chiens et aux deux
boulangères pourquoi ils ont laissé passer le prince qui
s'est enfuit avec la jeune fille.
La porte lui répond que c'est parce que le prince a
graissé la serrure, tandis que lui, le magicien l'avait
laissée rouiller.
Les chiens lui répondent que c'est parce que le prince
leur avait laissé du pain frais à manger, tandis que
lui, le magicien les laissaient mourir de faim.
Les deux boulangères dirent au magicien que c'était
parce que le prince avait pris la peine de leur donner
une pelle à pâtisserie pour qu'elles n'aient plus à
retirer les pains de ses propres mains. Puis, elles
saisirent le magicien et le jetèrent dans le four.
Pendant ce temps, le prince et la jeune fille étaient
déjà arrivés dans la ville. Le prince laissa la Belle
aux trois oranges dans une auberge pour y passer la nuit
en lui promettant de revenir le lendemain avec une belle
robe pour l'emmener au palais et la présenter
formellement à sa famille.
Mais la Belle aux trois oranges le supplie de ne pas la
laisser seule, car elle sait que si quelqu'un embrasse
le prince, il l'oubliera, mais le prince promet de ne se
laisser étreindre par personne. De retour au palais, le
prince demande que personne ne le serre dans ses bras et
explique pourquoi à ses parents avant de s'endormir.
Mais sa marraine le voit et veut lui faire un câlin.
Bien que le roi et la reine lui ait expliquer pourquoi
elle ne peut pas, dès qu'ils partent elle embrasse le
prince.
Le lendemain quand le prince se lève, il a totalement
oublié la Belle aux trois oranges.
A l'auberge, la Belle aux trois oranges, voyant que le
prince ne revient pas, comprend que ses pires craintes
se sont réalisées.
Lorsque la nouvelle arrive que le prince va en épouser
une autre, la Belle aux trois oranges se rend au palais
et demande un travail dans les cuisines en tant que
domestique, car ils ont besoin de plus de personnel pour
le banquet de mariage
Une nuit, la Belle aux trois oranges se cache dans la
chambre à côté des appartements du prince. Elle épluche
la première des trois oranges qu'ils avaient prises au
château du sorcier, d'où elle sort une belle robe
qu'elle enfile, et passe la nuit à pleurer et à gémir,
se demandant pourquoi le prince était allé la sauver au
château du magicien, si c'était pour l'oublier ensuite.
La belle pleura ainsi la nuit suivant et la nuit
d'après. La troisième nuit le prince arriva enfin à se
souvenir de la Belle aux trois oranges. Il alla dans la
chambre où elle se trouvait, et dès qu'ils se
retrouvèrent il la serra dans ses bras.
Ils se marièrent rapidement et le prince ne fut plus
jamais triste.
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