Dans les contes et légendes de
Corse que l'on raconte le soir au cours des longues
veillée d'hiver, le diable est souvent présent. Il
apparaît au fil des récits, tantôt tel qu'on se le
représente, avec un corps couvert de poils, des pieds
fourchus et une tête cornue, tantôt déguisé en simple
humain, tantôt métamorphosé en bête. Malin, car il sait
gagner la confiance des hommes, il est aussi orgueilleux
et n'hésite pas à défier les anges et les saints.
Toujours à la recherche d'âmes supplémentaires, Satan
finit toujours par gagner; mais il arrive cependant que
tout ne se passe pas comme il l'aurait voulu....
Il était une fois dans le village
de Rapaghju, un jeune berger qui gardait tranquillement
ses chèvres quand un homme qu'il n'avait jamais vu
vint à sa rencontre et le salua. Les deux hommes
engagèrent la conversation et après un long moment
l'inconnu révéla au berger qu'il savait où un trésor
était enfoui depuis des siècles et se proposa de lui en
indiquer l'endroit en échange d'une autorisation de
ramasser sous ses châtaigniers. Le marché conclu, le
berger parti à la recherche d'un trésor gardé par des
esprits maléfiques. Après trois jours de marche, il
découvrit le champ de blé et aperçu l'arbre au pied
duquel était enfoui le trésor.
Il creusa pendant des heures et à
la nuit tombée, il entendit un bruit sourd résonner sous
le coup de sa pioche.
Aussitôt le hurlement terrifiant
des démons envahit le silence de la nuit, un serpent à
langue fourchue jaillit hors du trou, un monstre hideux
sauta devant lui. Rien ne découragea le berger qui, en
faisant de grands signes de croix, continuait à creuser.
Soudain, accompagné d'un coup de
tonnerre, un éclair zébra le ciel et le berger vit une
forme blanche s'approcher de lui qui prenait lentement
les traits de sa pauvre mère décédée quelques années
auparavant.
D'abord fou de douleur, le berger
se ressaisit et affronta ce fantôme qui n'était pas sa
mère, jusqu'à ce qu'il s'évanouisse enfin dans la nuit
noire.
Quand le jour se leva enfin, le
courageux berger, qui avait vaincu tous les sortilèges,
vit au fond du trou briller des pièces d'or....
Le
diable avait perdu une bataille, mais il n'avait pas
encore perdu la guerre... |