François Marie Joseph
Sportuno est né à Ajaccio le 3 mai 1874. Il est
issu d'une famille Génoise installée en Corse au XVIème siècle.
Orphelin à 4 ans, il est élevé par sa grand-mère née Belloni. Il
prendra plus tard en le décorsisant le nom de sa mère
Adolphine COTI qu'il a transformé en Coty.
L'histoire de la branche de la famille
dont est issu François est compliquée.
Déjà, son arrière-grand-père, J.B Spoturno, maire d'Ajaccio et arboriculteur
à Barbicaja, déshérite son fils Joseph Marie Spoturno pour avoir
convolé et mis enceinte une jeune fille, Anne-Marie Bellon, indigne
du rang des Spoturno. De cette union est né le père de Francois
Spoturno, Jean-Baptiste Spoturno, lequel épouse en 1872 Adolphine Coti,
couturière, née d'un père employé à la préfecture de police,
qui semble ne l'avoir reconnue que très tardivement.
Adolphine Coti-Spoturno donne naissance à un fils le 3
mai 1874 Joseph Marie François Spoturno. Mais son père, alors
soldat, a une vie tumultueuse et se retrouve déclaré insoumis en
1882, puis disparaît. Sa mère décède ainsi que son plus jeune frère.
François Spoturno est alors élevé par une femme qui comptera
beaucoup dans sa vie : sa grand mère Anne Marie Bellon.
Rejeté par sa famille qui se refusera toujours
à lui apporter le moindre soutien financier, seulement muni d'un certificat
d'étude, François se voit contraint de quitter l'île avec sa
grand-mère. Ils débarquent à Marseille où là, très
certainement une vie misérable les attend. Devenu étranger dans sa famille,
enfant solitaire et malheureux malgré
toute l'affection de sa grand-mère, cette enfance sur laquelle jamais
François n'a osé s'étendre, le marquera toute sa vie.
Après avoir effectué son service militaire
de 1896 à 1898, François Sportuno trouvera à Paris le
soutien d'un vrai père adoptif en la personne de son compatriote Emmanuel Arène,
député républicain de Corse. Emmanuel Arène est
aussi un journaliste en vue au Figaro et un auteur de pièces
de théâtre à succès. De 1898 à 1900, il fait de François Spoturno
son assistant parlementaire. Il l'entraîne dans le Paris des
années 1900, aussi bien dans les salons mondains où François
va rencontrer le Tout-Paris littéraire et artistique mais
aussi les grands personnages de la Ille République.
Ses fréquentations vont aussi lui
permettre de rencontrer sa future épouse Yvonne Alexandrine le
Baron qu'il épousera le 12 juin 1900 et dont il divorcera le 08 mai
1929. De cette union naîtront deux enfants : Roland (1901-1963) et
Christiane (1904-2005).
A la Motte-Piquet, près de son domicile,
François Sportuno trouve un travail complémentaire chez un pharmacien,
M. Jacqueminot. Et c'est alors qu'il découvre sa passion dans le laboratoire
où avec le collaborateur de son patron, Raymond Goëry, il
s'initie à l'alchimie des parfums. C'est une véritable révélation.
Ambitieux, opportuniste et mégalomane, doué du
sens du négoce et surtout , comme on dit en parfumerie, du flair,
comme on dit dans les affaires, François Sportuno devient François Coty en 1904 et
se transformera en un riche industriel et homme d'affaire, créateur des parfums
qui porteront son nom en ce début du XXe siècle : La Rose Jacqueminot (1904),
sa première réussite commerciale, L’Origan (1905), Ambre antique (1905),
Jasmin de Corse
(1906), Le Chypre (1917).
En 1920, sa fortune en fait l'un des hommes
les plus riches du monde. Il possède de nombreuses maisons et
châteaux sur le continent et deux propriétés en Corse dont le
domaine de bicaghja sur la route des Sanguinaires qui a appartenu
à ses aïeux et sur lequel il va installer une école d'horticulture.
La propriété du Scudo sera rachetée plus tard par le
chanteur Tino Rossi.
Grand mécène, François Coty participe à
Ajaccio au financement et à la constructions d'habitations à bon
marché. Il apporte également son soutien à de nombreuses oeuvres de
bienfaisance.
En 1921, il rachète le quotidien Ajaccien U Culombu
qu'il rebaptise l'éveil de la Corse et dont il
confie la direction à Henri Omessa, publiciste de renom.
En 1922, il "s'offre" le pouvoir en devenant
propriétaire du Figaro et chante les louanges de Mussolini montrant
ouvertement son attachement à la cause fasciste et son son
engagement pour le parti d'extrême droite.
En 1933, le conseil d'administration du Figaro
dont le tirage s'est effondré par la faute de ses opinions
incontrôlables le congédie.
Il se tourne aussitôt vers la Corse et, grâce
à ses relations dans l'île, à son généreux mécénat, il se présente aux élections
sénatoriales et est élu Sénateur de la Corse le 07 juillet 1923.
Mais le nouveau sénateur a commis une erreur politique en faisant
appel au bandit Romanetti pour s'assurer de son appui. L'élection
est aussitôt contestée par Adolphe Landry et l'élection est annulée
le 10 avril 1924.
Succédant à Dominique
Paoli (1925-1931), le riche industriel, qui sait multiplier ses
gestes de générosité et de bienveillance envers sa ville natale et
ses alliés, est cependant élu conseiller municipal puis maire d'Ajaccio
(de mai 1931 jusqu'à sa mort en 1934) mais n'exercera jamais vraiment
ses fonctions préférant s'occuper d'avantage de la politique nationale.
Hyacinthe Campiglia lui succèdera à partir du 21 août.
Les difficultés financières provoquées par un train de vie
déraisonnable, aggravées par un déficit vertigineux des quotidiens
de presse Le Figaro et L'Ami du Peuple, ainsi que son
divorce avec sa femme Yvonne plongée dans la misère, ont fini de
ruiner François Coty, qui, déjà miné par la maladie, s'est éteint le
28 juillet 1934, dans le pavillon de musique de Mme Dubarry à
Louveciennes (78), seul et complètement ruiné par sa
folie des grandeurs en ayant rêvé d'enrichir la Corse.
Lors de son enterrement au cimetière de Montbazon
en Indre et Loire, on peut lire sur une couronne : " A François Coty,
fils et maire d'Ajaccio, mort et ruiné en défendant son pays (!)".
Le passé sulfureux et encombrant de François Coty avait rendu la
Corse amnésique !
Le journal La Nouvelle Corse du 05 août
écrit, en qualifiant sa vie de roman de Balzac : "Ce napoléon de
la parfumerie, juché sur une colonne Vendôme de deux milliards,
s'est écroulé comme un château de cartes".
Les cendres de François Coty, translatées
en Corse le 07 juin 1968, ont été déposées dans le caveau familial du
cimetière marin des Sanguinaires le 12 décembre 1971.
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